Le cadeau de Venise
Mercredi 26 juin – Nous devions quitter Venise dans l’après-midi. Nos deux valises étaient faites, l’appartement rangé et à 11 heures nous traversions pour la dernière fois un campo de l’arsenal blanc de chaleur pour nous diriger vers San Zanipolo. Nous n’avions pas vraiment de but hormis celui de faire une dernière balade, de rester encore un peu au creux de la ville, de ne pas la quitter, pas encore, pas tout de suite. Nous marchions en silence, très lentement comme si le rythme de nos pas pouvait retarder l’heure du départ. Nous cherchions l’ombre, frôlant les murs de brique ocre, levant parfois les yeux vers l’opulence d’un jasmin s’échappant d’un jardin invisible et dont nous avions perçu le parfum sucré. La chaleur avait vidé les ruelles et même le chat de la corte del Anzolo nous regarda passer avec indifférence tout à sa somnolence dans une jardinière de plantes grasses. Le ciel était infiniment bleu et mon âme mélancolique. C’est au débouché de la calle Donà, alors que nous venions de franchir le ponte …