Tous les articles taggés : Venise

Une robe jaune à Venise

J’ai toujours trouvé très kitsch l’idée de Venise ville des amoureux. La guimauve d’un romantisme convenu ne lui sied pas ; la ville mérite mieux, de la passion discrète ou du sexe brûlant, ou les deux, oui, mais sans le mièvre et les violons qui en font rêver beaucoup. Moi qui ne supporte pas que l’on me prenne la main en public et déteste les effusions ostentatoires, j’ai parfois frémi à l’idée que monsieur Bruxelles puisse m’embrasser place Saint Marc – mais, me connaissant, il ne s’y est jamais risqué. J’ai bien le souvenir d’un retour nocturne qui nous vit traverser la ville les doigts enlacés, mais nous étions seuls ! L’air était d’une douceur qui invitait à un certain laisser aller, à une mollesse d’après diner quand le vin, les pâtes et le tiramisu ont fait leur œuvre. Le reste du temps un regard, un frôlement léger suffisaient. Pas besoin de se donner en spectacle. Cependant, et cela pourra sembler contradictoire, je regarde toujours avec une certaine tendresse ces femmes qui, installées avec leurs compagnons aux …

Venise encore, Venise toujours

17 juin 6h20. Mon avion décolle de Bruxelles direction Venise. J’y retourne enfin, soulagée que ce voyage soit finalement possible. Les frontières sont restées ouvertes et l’Italie a levé la quarantaine imposée jusqu’en avril aux voyageurs. Il aura quand même fallu montrer patte blanche, se plier à nouveau au goupillonement nasal, remplir des questionnaires, montrer des attestations puis attendre, légèrement angoissée, au comptoir d’enregistrement de Brussels Airlines des vérifications on ne peut plus pointilleuses mais maintenant, ça y est, je suis partie. L’avion a traversé l’épaisse couche de nuages flottant au-dessus de Bruxelles et vole dans le bleu ciel d’un petit matin de juin. Dans moins de deux heures je serai là-bas, enfin. *** Pourtant en octobre dernier, alors même que je quittais Venise, je m’étais dit que je n’y reviendrais pas de sitôt. Il me semblait en effet avoir eu mon content de balades, de peintures, de lumière matinale sur les ocres-roses des maisons et les marbres des palais, de calli désertes et de cette musique si particulière de la ville … J’avais la …

Un gâteau vénitien …

C’est bizarre la vie d’une recette. Enfin, celles que l’on griffonne sur un bout de papier alors que nous en suivons, hypnotisés, la réalisation dans une émission de cuisine. On les oublie, puis un jour on s’en souvient, les redécouvrant au hasard d’un classement militaire de nos nombreuses fiches culinaires. Ce fût le cas de cette recette de Nigella Lawson dont je suivais – il y a de cela des lustres – les émissions (en anglais, ça ne fait pas de mal) sur Cuisine TV. J’étais fascinée par son côté décomplexé, faisant de l’approximatif une qualité et d’une simplicité opulente, mais néanmoins très smart, un synonyme de convivialité. Et puis, la fin de chaque séquence la montrant se relevant la nuit, ouvrant son frigo pour déguster debout et en pyjama un reste de gâteau, de crème ou de poulet, me réjouissait. Mais je reviens à cette recette de gâteau vénitien. Je le réalisai pour la première fois un samedi après-midi de pluie à Bruxelles, légèrement dubitative quant au résultat. On trouvait en effet dans la …

Venise d’automne : album photo

Au risque de lasser ceux que Venise laisse de marbre, mais en pensant à ceux qui comme moi n’ont de cesse que de s’y rendre même virtuellement, j’ai sélectionné quelques photos sans prétention, prises lors de mon dernier séjour et reflet de ce j’aime particulièrement. Certains reconnaitront facilement le canal de l’arsenal, le campo San Zanipolo, les Zaterre, San Giorgio … Mais finalement peu importe, il n’est pas question ici de proposer un mini-guide touristique mais plutôt des fragments de la ville, une lumière, des couleurs … Tout ce qui pour moi fait Venise. J’espère que ces quelques images parleront à ses amoureux en attendant que nous puissions retrouver enfin Venise pour de vrai. Et là, en cette fin décembre, à la veille d’une troisième vague, et au lendemain d’un nouveau confinement en Italie, cela semble malheureusement compromis … Pour l’heure, des images en attendant le retour.

Un café ou un spritz ? Deux, trois adresses à Venise …

Loin de moi l’idée de vous donner une liste exhaustive de tous les cafés de Venise mais plutôt de partager quelques adresses que j’apprécie tout particulièrement. Car à Venise, prendre le temps de savourer un espresso, un petit gâteau ou un spritz fait selon moi partie du bonheur de vivre la ville. Quoi de mieux en effet que de déguster un café tout en étant à la fois parfaitement détendu et d’une attention extrême à tout ce qui nous entoure. Une expérience multi sensorielle comme je l’écrivais dans mon précédent article … Et puis, pour connaitre véritablement une ville, j’ai toujours pensé qu’il n’y a pas mieux que les librairies et … les cafés. Certaines adresses ne sont plus à présenter mais, je me suis aperçue que, malgré tout, certains répugnent à s’y rendre, par snobisme sans doute – le « trop connu » devant être pour eux synonyme de vulgaire – ou par crainte d’une addition trop salée. Dans les deux cas, c’est idiot. Du troquet minuscule aux ors de chez Florian, Venise dévoile là aussi …

Venise d’automne

Je devais m’y rendre en juin. Ce fût partie remise, l’épidémie ayant eu raison de notre liberté. Coincée, j’étais coincée. Je repoussai donc mon vol et la réservation de mon appartement de l’arsenal à fin septembre me disant qu’après tout, je ne connaissais pas Venise en automne, que les jours devaient encore y être doux, la lumière dorée et les touristes pas trop nombreux. Je croisais quand même les doigts, priant pour que la deuxième vague ne m’empêche de partir. Ce qui s’avéra inutile. On a beau prier, le pire est toujours certain. Deux jours avant mon départ, l’Italie instaurait de nouvelles règles d’entrée sur son territoire obligeant les voyageurs à fournir un test covid négatif … Autant dire que ce fût une course effrénée. Trouver un laboratoire, faire un test et surtout obtenir des résultats en moins de 24 heures s’avéra un véritable parcours du combattant. J’atterris finalement dans un drive dédié au goupillonnement nasal et obtins mon résultat en moins de douze heures. Ouf, je pouvais partir. La suite cependant fut tout aussi …

Album photo (Venise, juin 2019)

Lorsque j’ai démarré ce blog, il y a un peu plus de quatre ans (Ma tasse de thé fêtera ses cinq ans en juin prochain !), je m’étais fixé comme règle de toujours associer textes et images en proportion plus ou moins égales ; ce que je n’ai cependant pas toujours respecté … Je faisais d’ailleurs récemment le constat de textes prenant le pas sur mes images alors même que mon Olympus ne quitte pas mon sac à main et que photographier équivaut pour moi à une prise de notes.  Alors pourquoi ne pas poster de temps à autre des photos, rien que des photos ? Des images sans paroles  … de tout ce qui est ma tasse de thé ! Voilà donc le premier « album photo » d’une série à constituer.  

Le cadeau de Venise

Mercredi 26 juin – Nous devions quitter Venise dans l’après-midi. Nos deux valises étaient faites, l’appartement rangé et à 11 heures nous traversions pour la dernière fois un campo de l’arsenal blanc de chaleur pour nous diriger vers San Zanipolo. Nous n’avions pas vraiment de but hormis celui de faire une dernière balade, de rester encore un peu au creux de la ville, de ne pas la quitter, pas encore, pas tout de suite. Nous marchions en silence, très lentement comme si le rythme de nos pas pouvait retarder l’heure du départ. Nous cherchions l’ombre, frôlant les murs de brique ocre, levant parfois les yeux vers l’opulence d’un jasmin s’échappant d’un jardin invisible et dont nous avions perçu le parfum sucré. La chaleur avait vidé les ruelles et même le chat de la corte del Anzolo nous regarda passer avec indifférence tout à sa somnolence dans une jardinière de plantes grasses. Le ciel était infiniment bleu et mon âme mélancolique. C’est au débouché de la calle Donà, alors que nous venions de franchir le ponte …

Petit matin d’été à Venise

Mardi 27 juin, sept heures. La clim ronronne doucement et les volets clos ne laissent passer qu’un mince rayon de soleil. Je suis éveillée depuis un bon moment, bien avant que le réveil ne sonne, et n’ai plus du tout sommeil. J’attrape d’ailleurs mon téléphone, annule la fonction réveil et me glisse sans bruit hors du lit. A Venise, me lever tôt est un plaisir. Moi pour qui quatre sonneries programmées à cinq minutes d’intervalle sont habituellement nécessaires, je m’étonne de n’éprouver ici aucune difficulté à être debout assez tôt, parfaitement éveillée et d’une impatience qui me fait sourire ; car je veux sortir, comme les chats, retrouver la ville au petit matin, encore calme et presque déserte. Nous sommes là depuis moins d’une semaine et la balade matinale que je m’accorde m’est vite devenue indispensable. Car à Venise, plus que partout ailleurs, il faut savoir être seul, suivre égoïstement le fil de ses découvertes et de ses émerveillements, ne pas se laisser happer par la compagnie d’amis qui, même s’ils peuvent être charmants, n’adopteront …

Le temps de Bellini

J’aime les hasards qui n’en sont pas, les enchainements de circonstances, les ricochets que propose la vie pour finalement nous mener à ce que nous attendions sans même parfois en avoir conscience. En février dernier, je partais à Venise car Venise me manquait mais aussi parce que je voulais y découvrir une certaine peinture de Giovanni Bellini. C’était là un des buts de mon voyage. Ce qui me mena à Bellini ? La musique. Quelques mois plus tôt, en décembre et alors que je me rendais au travail, je pianotais comme à mon habitude sur l’autoradio passant de radio Classique à France Musique, cherchant une musique en accord avec le froid vif et le ciel gris-bleu, avec ce temps d’avant Noël dont la magie, même là, enfermée dans ma Lancia, était bien palpable. Je voulais Bach ou Vivaldi, je voulais une musique comme venue du ciel, une musique qui élève l’âme et transcende le temps, nous projette dans un espace mental où la médiocrité n’a plus de prise, loin de la trivialité de nos petites …