Tous les articles taggés : Flandres

Bruges d’automne

L’avantage de vivre à deux pas d’une frontière est de pouvoir s’échapper de temps à autre de l’autre côté, de sauter par-dessus les pointillés de la carte comme j’aimais à le dire lorsque j’étais petite. La Flandre belge est à cinq minutes de chez moi et Bruges, que le monde entier vient admirer, à une petite demi-heure en voiture. Un vrai luxe. Je peste souvent contre la métropole dans laquelle je vis mais reconnais que vivre en Lozère ou au fin fond du limousin me rendrait assez malheureuse. Se sentir coincée au centre de la France, c’est-à-dire loin d’une frontière et de la mer (qui en est une autre), me serait tout bonnement insupportable. Pouvoir passer de l’autre côté, c’est la liberté. Et partir quand on veut changer d’air, de pays, de langue tout en retrouvant ce qui nous a constitué depuis l’enfance et qui est donc familier et rassurant, c’est pour moi, me rendre à Ostende, Bruges, Anvers ou Gand … C’est d’ailleurs ce que j’ai fait pas plus tard que samedi dernier. La …

Smeus

Smeus ou pommes de terre et crevettes grises à la mode belge … Encore une recette belge me direz-vous ? Oui, mais j’aurais quelques scrupules à ne pas la partager tant ce plat est un délice. C’est mon monsieur, archétype du Belge gourmand (mais néanmoins gourmet), friand de frites, de bière trappiste, de filet américain* et de crevettes grises qui me le fit découvrir il y a maintenant quelques années. Un soir, arrivant à Bruxelles directement du travail, c’est-à-dire exténuée et affamée, je le trouvais installé à la table de la cuisine devant une montagne de crevettes qu’il décortiquait une à une, patiemment, et avec une dextérité qui ne pouvait être que le fruit d’une longue expérience et d’un apprentissage précoce – chez sa grand-mère à Knokke-le-Zoute m’expliqua-t-il où on les dégustait au petit déjeuner avec des tartines de beurre salé. Le chat surveillait l’opération assis sur une chaise, le museau sur la table, stoïque. Je fis comme lui, piochant quand même deux crevettes, une pour le félin, une pour moi, afin que nous en …

Hellébores

J e vous avais promis un petit article sur l’exposition d’hellébores que Diane et moi avions visité en févier dernier. Certains de mes amis bloggeurs, amis instagrameurs ou amis tout court m’avaient dit attendre avec impatience (ce qui est très gentil de leur part) le compte-rendu de notre visite. J’ai tardé, j’en conviens, beaucoup trop tardé à vous livrer quelques photos … Et pourtant le mois de février comptait 29 jours cette année ! Mais c’était oublier les jours se succédant à la vitesse de la lumière, les contraintes, les obligations et les petites horreurs quotidiennes – réunions inutiles, embouteillages, temps perdu, stress, dossiers urgents, réunions encore et inutiles toujours, et enfin voiture pour rentrer épuisée. Mon pauvre blog en a pâti. Mais bon, parlons plutôt des hellébores, ces plantes aux fleurs penchées que seuls les passionnés de botanique ou les curieux connaissent et admirent. A Oostkamp, petit village de Flandre occidentale à deux pas de Bruges, se trouve la pépinière Het Wilgenbroek de Thierry et Anneke Van Paemel, les spécialistes incontestés de l’hellébore en …

Bruges d’hiver

Il est des villes à qui l’hiver sied à merveille et Bruges en fait partie. Le froid et le gris vident ses rues. La ville retrouve alors le visage qu’elle devait avoir au 15ème siècle ou, plus près de nous, à l’époque qui n’avait pas encore inventé le tourisme de masse et ses hordes de barbares arpentant places et ruelles comme elles le feraient dans un parc d’attraction … Mais là, c’est un autre sujet et ce n’est pas tant certains malheureux touristes qui sont à blâmer mais une déliquescence certaine de l’éducation … Et puis, ne faisons pas notre ronchon car loin de moi l’envie de vous ennuyer mais plutôt de vous donner l’envie de découvrir Bruges l’hiver ! Samedi dernier donc, jour on ne peut plus glacial, nous avons traversé une partie de la Flandre en écoutant les concertos pour mandoline de Vivaldi (en accord parfait avec le paysage gelé), heureux à la perspective de flâner dans une ville livrée à ses vrais amoureux. Et pour cause … juste trois petits degrés, des rubans …

Gaasbeek : paons et potirons

L’avantage d’habiter Bruxelles est de pouvoir, en quelques tours de roues – le ring une fois franchi – se retrouver dans la paisible campagne du Pajottenland qui inspira Brueghel et tant d’autres peintres flamands. Les paysages ont d’ailleurs comme un air de déjà-vu pictural : grasses prairies bordées de rangées de saules, placides troupeaux de vaches rousses et blanches, clochers de brique rouge sur des ciels gris souvent chahutés. C’est très beau et je m’y sens bien. J’ai dû vivre là aussi dans une de mes vies antérieures … Encore que je n’arrive pas à m’imaginer en paysanne pataugeant dans la boue – ou pire la bouse ! -, la vraie campagne je l’ai toujours préférée sur les murs des musées ou dans les revues de déco … Mais bon, je digresse … Dans le pajottenland, à deux pas donc, se trouve Gaasbeek, un tout petit village où se tient chaque samedi un micro-marché de producteurs locaux et bio. Ceux qui, comme moi, ont fait de la recherche de vrais légumes leur sport favori, comprendront que la …

Het Baggaertshof

Début août. Les villes sont désertées, tout le monde est à la plage … Et c’est tant mieux ! Tant mieux pour ceux qui restent ou qui repoussent leur départ, trop heureux de savourer avec quelques privilégiés leurs villes qui semblent enfin respirer, se reposer, prendre elles aussi des vacances. Elles en profitent, se dorent au soleil, s’étirent comme des chats. Les villes, nos villes, celles qu’on aime, celles qu’on habite, se laissent alors explorer pour peu que l’on parcoure leurs artères, que l’on se perde dans leurs ruelles, le nez au vent, l’humeur vagabonde, sans rien attendre et cependant prêts à toutes les découvertes. Un état d’esprit, une disponibilité que l’on réserve habituellement à Rome, Berlin ou Venise mais qui dans les lieux familiers réserve parfois de bien belles surprises. C’est ce que j’ai vérifié hier à Courtrai… Je devais m’y rendre pour faire quelques emplettes militairement programmées (garer la voiture, pas de course, un, deux, trois, retour à la maison) afin de ne me laisser, en aucun cas, la possibilité de flâner (je …

Jardin secret de roses

A Courtrai, en Flandre, juste de l’autre côté de la frontière, se cache une merveille dissimulée par les grands arbres du château ‘t Hooghe : une roseraie comme un bijou posée à côté d’un jardin sauvage. Je m’y suis rendue pour la première fois il y a peu de temps, intriguée et légèrement dubitative quant à ce que j’allais découvrir. Les roseraies de ville sont parfois si terriblement ennuyeuses ! Rangées de rosiers déprimants ou prétentieux, alignés au garde à vous ; très peu pour moi. Là, en revanche, vous êtes d’abord dans un jardin. Des haies de charme et de buis délimitent les parterres, vous passez en quelques pas d’un jardin anglais avec ses mixed-borders à un délicieux petit jardin à la française puis aux « chambres » de la Rose d’Or et des roses thé. A l’arrière du château– qui est en fait une grande bâtisse néo-classique – se trouve le souvenir d’un jardin paysage créé au 19ème siècle : une vaste étendue d’herbe ceinturée de vieux arbres, des herbes un peu folles, des buissons de sureau – l’arbre aux …