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Venise d’automne

Je devais m’y rendre en juin. Ce fût partie remise, l’épidémie ayant eu raison de notre liberté. Coincée, j’étais coincée. Je repoussai donc mon vol et la réservation de mon appartement de l’arsenal à fin septembre me disant qu’après tout, je ne connaissais pas Venise en automne, que les jours devaient encore y être doux, la lumière dorée et les touristes pas trop nombreux. Je croisais quand même les doigts, priant pour que la deuxième vague ne m’empêche de partir. Ce qui s’avéra inutile. On a beau prier, le pire est toujours certain. Deux jours avant mon départ, l’Italie instaurait de nouvelles règles d’entrée sur son territoire obligeant les voyageurs à fournir un test covid négatif … Autant dire que ce fût une course effrénée. Trouver un laboratoire, faire un test et surtout obtenir des résultats en moins de 24 heures s’avéra un véritable parcours du combattant. J’atterris finalement dans un drive dédié au goupillonnement nasal et obtins mon résultat en moins de douze heures. Ouf, je pouvais partir. La suite cependant fut tout aussi …

Évidemment…

La vie étant ce qu’elle est – c’est-à-dire tout sauf un long fleuve tranquille -, il est parfois réconfortant de se laisser aller à une certaine mélancolie. Soigner le mal par le mal en quelque sorte. Ce début d’année me fût calamiteux. Bloquée de toute part, coincée dans le gris et sans perspective aucune d’amélioration à court terme -pour employer un langage que j’exècre mais qui est finalement à l’image de cette période de ma vie -, je dois ma survie aux petits riens. Ces petites choses sans importance qui éclairent notre journée et nous arrachent un sourire, fût-il intérieur. Rien n’arrive par hasard. Le corps parle pour nous et dans mon cas, m’empêcha d’avancer. Bloquée, complétement bloquée à l’orée d’une nouvelle décennie (2020 les amis !) et d’un âge (le mien) qui devrait pourtant me voir encore pétante de forme et d’un optimisme à toute épreuve. Oui, peut-être, enfin c’est ce que je croyais, après avoir soufflé mes bougies le 2 octobre et quitté mon monsieur, mais la vie se charge de nous freiner …

Petit matin d’été à Venise

Mardi 27 juin, sept heures. La clim ronronne doucement et les volets clos ne laissent passer qu’un mince rayon de soleil. Je suis éveillée depuis un bon moment, bien avant que le réveil ne sonne, et n’ai plus du tout sommeil. J’attrape d’ailleurs mon téléphone, annule la fonction réveil et me glisse sans bruit hors du lit. A Venise, me lever tôt est un plaisir. Moi pour qui quatre sonneries programmées à cinq minutes d’intervalle sont habituellement nécessaires, je m’étonne de n’éprouver ici aucune difficulté à être debout assez tôt, parfaitement éveillée et d’une impatience qui me fait sourire ; car je veux sortir, comme les chats, retrouver la ville au petit matin, encore calme et presque déserte. Nous sommes là depuis moins d’une semaine et la balade matinale que je m’accorde m’est vite devenue indispensable. Car à Venise, plus que partout ailleurs, il faut savoir être seul, suivre égoïstement le fil de ses découvertes et de ses émerveillements, ne pas se laisser happer par la compagnie d’amis qui, même s’ils peuvent être charmants, n’adopteront …