Nostalgie
Il y a des jours comme ça. J’avais quitté le boulot tardivement, à cette heure où les couloirs et le parking souterrain redevenus déserts en deviennent presque effrayants. Plus personne, une ambiance d’après la bombe, calme mais anormale. J’étais seule et pas mécontente de l’être. Tout le monde avait quitté le navire hormis les vigiles qui devaient à cette heure siroter une bière confortablement installés dans leur PC sécurité. J’étais crevée, amère et dégoutée. Il y a des jours comme ça, de ces jours où l’on se sent coincés, ayant dû subir la médiocrité et la méchanceté ambiante. J’avais lentement regagné ma voiture et une fois à l’air libre, les grilles ouvertes sur la liberté, j’avais respiré un peu mieux, m’étais calée sur mon siège et enclenché l’autoradio. Il n’y a qu’en voiture que j’écoute la radio. Je pianotais, m’arrêtai un moment sur la radio flamande – j’aime cette langue à la fois âpre et onctueuse, le flamand de Flandre, beaucoup plus rond et doux que celui des Pays-Bas, me repose, comme une musique – …

