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Het Baggaertshof

Début août. Les villes sont désertées, tout le monde est à la plage … Et c’est tant mieux ! Tant mieux pour ceux qui restent ou qui repoussent leur départ, trop heureux de savourer avec quelques privilégiés leurs villes qui semblent enfin respirer, se reposer, prendre elles aussi des vacances. Elles en profitent, se dorent au soleil, s’étirent comme des chats. Les villes, nos villes, celles qu’on aime, celles qu’on habite, se laissent alors explorer pour peu que l’on parcoure leurs artères, que l’on se perde dans leurs ruelles, le nez au vent, l’humeur vagabonde, sans rien attendre et cependant prêts à toutes les découvertes. Un état d’esprit, une disponibilité que l’on réserve habituellement à Rome, Berlin ou Venise mais qui dans les lieux familiers réserve parfois de bien belles surprises.

C’est ce que j’ai vérifié hier à Courtrai… Je devais m’y rendre pour faire quelques emplettes militairement programmées (garer la voiture, pas de course, un, deux, trois, retour à la maison) afin de ne me laisser, en aucun cas, la possibilité de flâner (je me connais). Mais ça, c’était sans compter sur le ciel d’un bleu pur, le vent chaud et l’étrange silence des rues vidées toutes livrées à ma curiosité. Il ne m’en fallait pas plus …

D’abord, après avoir traversé la Grand Place et longé l’église Sint Maartens, petite halte sur la délicieuse place du café Rouge dont j’adore l’ambiance.

Puis, en rythme lent, traversée de la Jozef Vandaleplein, de la Lange Steenstraat pour déboucher presque au hasard sur la Sint-Jansstraat, petite rue piétonne un peu morne mais au cœur de laquelle j’ai découvert Het Baggaertshof ! J’en avais entendu parler mais ne l’avais jamais trouvé. Et pour cause ! L’entrée de ce qui peut s’apparenter à un béguinage est étroite, coincée entre deux maisons dans une courbe de cette rue sans charme.

Il faut franchir la porte étroite, suivre un passage pour déboucher sur une cour carrée, une chapelle, un jardin de plantes médicinales et une rangée de douze maisons de poupées.

Het Baggaertshof est l’œuvre de trois sœurs (Catherina, Wilhelmina et Joossinne Baggaert), filles d’un marchand aisé, qui, en 1638, créèrent ce refuge pour les veuves démunies et leurs enfants. En échange du gîte et du couvert, les veuves étaient tenues de travailler à domicile (notamment la dentelle) et d’entretenir une parcelle du jardin.

Dans la chapelle, Notre Dame ter Olmen (bois polychrome, 1626) de Jan Bolle Veys de Courtrai

Aujourd’hui, plus de veuves ni d’orphelines, Het Baggaertshof, classé monument historique depuis 1939, a une nouvelle vocation : celle de l’évocation. Y entrer, c’est remonter le temps. Et le prendre aussi, prendre le temps, l’oublier, pour être simplement là à circuler parmi les massifs de sauge, de mauve, d’euphorbe et de santoline, croiser un merle, voir défiler quelques nuages paresseux et profiter de la beauté du lieu…

Ensuite, il faut bien rentrer. Mais pas tout de suite ! Tant qu’à « perdre » du temps, autant ne pas faire les choses à moitié et rendre une petite visite au jumeau de Het Baggaertshof. Allez, hop, un petit détour par le béguinage*, l’autre lieu hors du temps de Courtrai.

Malheureusement le béguinage est encore en restauration !

Et puis, après tout, ce sont les vacances, non ?

 


Pour ceux qui voudraient s’y rendre :
Het Baggaertshof
Sint-Jansstraat, 37, Courtrai.
Ouvert du mardi au jeudi et les samedis et dimanches de 14 h à 18 h.  Du 25 octobre au 25 mars : de 14 h à 17 h. / Fermé les jours fériés.  Possibilité de visite sur rendez-vous.
Information : + 32 (0)474 42 39 83
* Le béguinage Sainte Elisabeth de Courtrai (Begijnhofstraat, 8500 Kortrijk)
Les béguinages (begijnhof en néerlandais) se retrouvent dans bon nombre de villes flamandes (Gand, Malines, Bruges …). Ils sont constitués de plusieurs rangées de petites maisons – regroupées autour d’une église, d’une cour et d’un jardin – qui accueillaient les béguines, des communautés de femmes religieuses ou laïques. Le béguinage de Courtrai a été fondé en 1238 par la comtesse de Flandre Jeanne de Constantinople. Les maisons datent du 17ème siècle. Il est classé Patrimoine mondial de l’Unesco.

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