J’ai longuement hésité avant de me décider à partager avec vous quelques photos de notre dernière étape écossaise. En effet, les vacances d’été sont terminées depuis belle lurette et ne sont donc plus qu’un lointain souvenir. Tout cela aurait donc un petit air de réchauffé. Dilemme. D’un côté ma peur de vous lasser, de l’autre mon envie de vous montrer des paysages que j’ai tout bonnement adorés. Et puis bon, après tout pourquoi pas … Il ne s’agit pas de vous proposer une « soirée diapo » et de vous prendre en otage – vous souvenez-vous de ces terribles soirées (d’avant l’ère numérique) qui s’apparentaient à de la torture visuelle ? Vos amis (d’ailleurs le resteraient-ils ?) égrenant à la vitesse d’un escargot neurasthénique des centaines de photos de vacances. Ici, libre à vous de zapper, d’ignorer, de scroller vite fait bien fait ou … de vous arrêter un moment (ce qui, cela va sans dire, me ravirait – tant j’aime qu’on aime ce que j’aime …).
Pour cette seconde semaine nous avions prévu de séjourner à Inverkirkaig, un tout petit village de la côte ouest niché au cœur de l’Assynt – l’une des plus belles et des plus sauvages régions d’Ecosse. Et pour atteindre notre destination, j’avais programmé deux journées de transit, de battement, de cheminement lent autour du loch Torridon et du loch Maree, une traversée de la péninsule d’Applecross puis une flânerie en Alchitibuie. Le chemin des écoliers, le seul qui vaille.
En route donc !
C’est sous une pluie fine que nous avons quitté notre cottage de l’île de Skye.
Le matin même, le présentateur de la météo de la BBC Scotland avait annoncé, avec un sourire mi-figue mi-raisin, une journée météorologiquement atroce (cloudy, rainy, et windy !) devant s’achever par une belle tempête … La carte qu’il commentait était parlante : tout le nord-ouest de la Grande-Bretagne disparaissait sous un large croissant de nuages… Mais bon, nous savions que le temps pouvait changer à la vitesse de l’éclair. J’étais donc confiante. La BBC devait forcément se tromper : des averses sûrement (nous étions en Ecosse !) mais il ne fallait pas dramatiser.
De plus, je m’étais dit que le ciel faisait bien les choses puisque j’avais réservé une table pour un afternoon tea au Torridon. Pour une fois, la pluie était mon alliée afin de convaincre mon monsieur de la nécessité absolue de faire une halte au chaud, au sec, une tasse de thé à la main.
En fait, les prévisions s’avérèrent justes. Toute la région était en « Alerte jaune ». Les vents soufflèrent à 160 Km/heure sur la côte, et à près de 190 km/heure dans le massif des Cairngorms. Nous apprîmes ensuite que ce jour là, les éoliennes écossaises avaient produit plus d’électricité que n’en avait besoin le pays pour la journée ! C’est dire …
La balade prévue se transforma donc en une sorte de petite odyssée quasi aquatique tant la voiture fût noyée sous les trombes d’eau. Des paysages sublimes que nous traversions, nous n’en avons finalement pas vu grand-chose, seules quelques bribes quand un nuage daignait laisser pointer un rai de soleil ou que se déchirait le voile de brume épaisse. Quant au vent, il fallait ma folie photographique pour oser sortir de la voiture et l’affronter.
Notre halte à l’hôtel Torridon s’étira ainsi une bonne partie de l’après-midi. Dehors la pluie redoublait faisant disparaître les collines alentour, alors pourquoi se hâter ? Les scones étaient divinement moelleux, les pâtisseries délicieuses et le thé excellent.
Un darjeeling pour moi, le mélange Torridon pour Monsieur Bruxelles.
L’hôtel Torridon, situé sur la rive du loch du même nom, est l’adresse à retenir si vous souhaitez faire une halte gentiment luxueuse au cœur des Highlands.
Réchauffés et repus nous avons repris la route en direction de Shieldaig pour ensuite longer la côte nord puis ouest de la péninsule d’Applecross.
Nous y avons fait quelques rencontres …
De belles Highlands (étonnement mutuel de la similitude de nos franges blondes …).
Nous avons ensuite bifurqué vers le centre de la péninsule et emprunté la route de traverse menant à la Bealach Na Ba Pass (« la passe des troupeaux », l’une des routes les plus spectaculaires d’Ecosse).
La frustration fût maximale de n’apercevoir que des fragments de ces paysages surnaturels, la pluie noyant tout et le vent se déchainant encore un peu plus. Nous avons atteint Locharron en fin de journée, épuisés, nauséeux. Notre Bed and Breakfast était déprimant, les deux seuls restaurants fermés (en Ecosse on mange tôt !) et la pluie, la pluie, la pluie continuait de tomber. Résignés, nous avons garé la voiture devant la mer et partagé un reste de sandwich en écoutant la tempête comme deux enfants punis. J’avais hâte que cette journée se termine. The best is yet to come, non ?
Le lendemain, la tempête ne s’était pas calmée. Tout était gris, emprisonné dans les nuages. Néanmoins, j’étais heureuse de quitter Locharron (le seul endroit que j’ai détesté). Nous avons longé le loch Maree, traversé Gairloch, Poolwee, toujours sous un ciel de pluie, et atteint les célèbres jardins d’Inverwee malheureusement fermés en raison de la violence du vent ! Nouvelle frustration. Il ne nous restait donc qu’à poursuivre notre route vers le nord …
Je faisais quand même parfois stopper la voiture et m’en extirpais en maintenant solidement la portière – sous peine de la voir s’arracher – l’appareil photo à l’abri de mon coupe-vent étanche, car au détour d’un virage, au débouché d’un loch, la magie des paysages, des couleurs, la magie de l’Ecosse opérait. Et j’en oubliais le vent, la pluie drue – moi adepte du climat méditerranéen. Monsieur Bruxelles n’en revenait pas lui qui restait très sagement au volant pendant que j’affrontais les éléments …
Tout doucement nous avons atteint Inverkirkaig. Ouf.
Notre Bed and Breakfast (Kirkaig Lodge) était idéalement situé – voyez plutôt la vue que nous avions …
Et le petit-déjeuner excellent et roboratif (ce qui, compte-tenu du climat écossais était quelque peu nécessaire).
Vous aurez remarqué la très jolie vaisselle en grès (Highland Stoneware, Lochinver).
Pour notre première balade nous décidâmes d’explorer l’Alchituibie qui bien que traversée sous la pluie lors de notre arrivée nous avait émerveillés.
Nous voulions la découvrir sous un ciel bleu …
Mais d’abord, traversée de la baie d’Inverkirkaig.
Je ne m’attendais pas à trouver de tels bleus en Ecosse.
Ni à faire autant de belles rencontres.
Les Summer Isles.
Sur la route entre Achiltibuie et Aird of Coigach, péninsule de Coigach.
Le Loch An Eisg Brachaidh.
Là aussi les moutons étaient partout. Pour mon bonheur.
Nous explorâmes ensuite toute la péninsule de Stoer au nord de Lochinver.
J’ai absolument adoré cette région de collines où s’enchevêtrent tourbières, gros rochers de grès, bruyères et, sur le rivage, sable rose et mer turquoise. Un ravissement.
J’ai découvert une région dans laquelle on se balade avec le sentiment d’être seul au monde, d’être libre, libre de cheminer, de se perdre, d’explorer, de se saouler de vent, de ciels, de nuages.
Nous avons fait des siestes au soleil, allongés sur les rochers, une tasse de thé à portée de main …
Et aussi des pauses-goûter (shortbread millionaire + ceylan = alliance parfaite).
Nous avons attrapé un nuage ! (un petit nuage de laine accroché aux bruyères, trace poétique du passage d’un mouton).
Au sud de Lochinver, plage aux trésors.
Des cailloux pour moi.
Des moules fraichement cueillies et sitôt dégustées par mon belge monsieur.
Je préférais quant à moi le traditionnel fish and chips (ici celui du Caberfeidh, délicieux et également servi dans la poterie traditionnelle de Lochinver).
A la pointe de Stoer …
Un phare construit en 1870 par Thomas Stevenson, le père de Louis (l’auteur de L’île au trésor).
Plus de gardien, juste quelques moutons qui montent la garde en trottinant au dessus du vide …
Le matin du départ – car il nous fallut bien repartir – et en dépit de la pluie légère qui s’était remise à tomber, je suis sortie siroter une dernière tasse de thé. Je déteste quitter les endroits que j’aime. Alors, prendre un dernier thé, c’était s’octroyer encore un peu, allez, juste un peu de la magie de l’Ecosse. Jacqueline, la propriétaire du Bed and Breakfast, avait arrangé un joli bouquet de bruyères sauvages sur la table de bois brut faisant face aux collines roses et aux moutons. C’était parfait.
Et si vous regardez bien, vous apercevrez une larme de pluie dans ma tasse …
J’ai adoré cette région. Et oui, the best was yet to come…
Une magnifique balade! J’ai beaucoup aimé l’humour qui se dégage des aléas du voyage, les moutons plus blanc que blanc et facétieux, les scones!!!
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Rassures-toi Virginie, j’aime ce que te tu aimes. Superbe récit et photos !
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