La forêt, la forêt, la forêt …
La nuit, souvent, je pense à la forêt. Je me couche tard, toujours trop tard, à l’heure où la ville est absolument silencieuse livrée aux chats, aux chauves-souris et au vent qui s’engouffre dans ses artères désertes, et là, avant que le sommeil ne vienne, je pense à ma forêt, ma forêt des Vosges du Nord ou plutôt de ce territoire, si l’on veut être géographiquement précis, que l’on nomme Vasgovie. J’aime imaginer qu’à quelques centaines de kilomètres, dans la nuit si noire de la forêt, les arbres bougent doucement sous le vent. J’aime m’imaginer collant une oreille contre leurs troncs – parfaites caisses de résonance -, fermant les yeux pour y écouter les craquements de navire de leurs branches mouvantes. La nuit, je suis dans la forêt, sur le chemin qui mène au Falkenstein, je peux sentir sous mes pieds le moelleux du sol sableux, je peux caresser le grès rose du château, cette roche rugueuse, froide et dure comme le ciel et les étoiles qui depuis des siècles veillent sur ce fragment de …