Tous les articles classés dans : balades & voyages

Un restau à Venise ? Quelques adresses …

« Dis Virginie, tu aurais une liste de bons restaus à nous conseiller à Venise ? On y sera la semaine prochaine ! » Bien souvent, on me pose cette question et je m’exécute de bonne grâce me faisant d’ailleurs presque un devoir de prouver, via mes bonnes adresses, que Venise n’est pas le parc d’attraction que certains imaginent mais une ville bien vivante où l’on trouve de bonnes tables très loin des pièges à touristes. Car il y a à Venise de bons restaurants, pas forcément très chers, et fréquentés d’ailleurs par les vénitiens eux-mêmes ; ce qui ne peut être qu’un gage de qualité et d’authenticité. J’ai le souvenir d’une collègue, celle-là même qui avait « très mal mangé » à Bruges, me disant qu’à Venise les pizzas étaient exécrables. Je n’avais rien répondu mais avait pensé : ben oui ma cocotte mais tout dépend de l’endroit où tu t’es restaurée ! Car Venise, malheureusement, n’échappe pas à la loi du profit sur le dos des touristes à qui l’on sert d’ignobles piatti di pasta et autres pizze dans des décors à …

Une fenêtre sans barreaux

Venise, 18 juin 2024. Nous étions quinze, quinze à attendre en file indienne le long du mur de la prison, sur l’île de la Guidecca, à Venise. Soleil de plomb et pas un gramme de vent. J’étais arrivée tôt, un peu nerveuse. Il faut dire que j’avais beaucoup hésité avant de me décider. Visiter le pavillon du Vatican installé pour la biennale d’art dans cette prison pour femmes c’était autre chose que d’entrer dans un musée. J’en connaissais certes l’existence et savais même que les détenues y cultivent un potager dont elles vendent les produits chaque jeudi, là en dehors, à l’endroit même où je me tenais. Mais je n’avais jamais voulu m’y approvisionner par peur d’un certain voyeurisme dont j’aurais pu faire preuve malgré moi, car un prisonnier est par définition un être hors norme pouvant susciter une curiosité mêlée d’effroi. Je ne voulais pas de ça. Et puis, je me refusais à profiter d’elles, de leurs tomates, de leurs poivrons, pour cuisiner une ratatouille et la déguster ensuite dans le confort de mon …

Sans Valentin à Berlin

Nous étions arrivés deux jours plus tôt, pour le travail. J’avais voyagé seule, précédant mon ami Donato, et au sortir de l’aéroport avait été surprise par un froid vif qui coupait le souffle. Nous étions en février et dans l’air flottait comme une promesse de neige et de nuits d’étoiles glacées. Je n’étais jamais venue à Berlin et pourtant il me semblait arriver en terrain connu. Mes parents y étaient venus du temps de la guerre froide, passant de l’Ouest à l’Est escortés de militaires bottés et de chiens policiers ; les rares photographies prises alors, je les avais vues et revues, et leur aventure faisait partie de l’histoire familiale. J’avais également en tête un télescopage brouillon d’images de films, celles des Ailes du désir – l’un des plus beaux films qui soit -, d’airs de l’Opéra de quat’sous, des figures du Bauhaus, des photographies d’Auguste Sander et des photographies tout court, de Berlin sous les bombes, de Berlin Est et de Berlin Ouest, de la guerre et de l’après-guerre. … Connaissance limitée, forcément, quoi que. …

Vue de Delft

Je suis allée à Amsterdam pour voir les Vermeer. Juste les Vermeer – ceux de « l’exposition du siècle », comme on l’appelle, qui se tient jusqu’en juin au Rijksmuseum. D’Amsterdam, où j’arrivais la veille, je garde le souvenir d’une ville crasseuse, de canaux sinistres, de vélos lancés à fond de train et de tramways bondés. J’eus beau me forcer à trouver quelque attrait aux maisons noires et blanches et aux ponts jetés sur le Prinsengracht, ça ne fonctionnait pas. Le ciel était maussade et mon humeur aussi. Rien dans cette ville ne me plaisait. J’en voulais même à ceux qui m’avaient conseillé une balade dans le centre historique que j’allais – disaient-ils – adorer. Eh bien non. Les villes vous les adoptez d’emblée, ou pas. Je m’y sentais étrangère et ne comprenais pas l’engouement des touristes pour cette ville somme toute assez surfaite. Et puis, aucune trace de Vermeer, de sa lumière. Juste une ville triste. J’errais donc de canaux en canaux, prenant malgré tout quelques photos (que j’allais ensuite m’empresser d’effacer) comme pour me persuader …

Un endroit qui me plaît

Je me suis souvent demandé pourquoi, tout comme les saumons qui remontent la rivière vers l’endroit où ils sont nés, certains reviennent toujours sur les lieux de leur enfance. Peut-être parce qu’ils retrouvent là tout ce qu’ils aiment, tout ce qui les a construits ? Vraisemblablement. Pour ma part, j’ai toujours pensé que les lieux nous façonnent et laissent en nous des traces tenaces. Et lorsque notre enfance fut heureuse – comme la mienne le fût -, les retrouver, c’est retrouver le bonheur, des paysages, des parfums, des sensations, des sons, connus, reconnus, à tout jamais familiers, qui nous rassurent et nous apaisent. Retrouver ces lieux, c’est arrêter le temps. Le passé se confond alors au présent. Nous revenons « à la maison », nous nous retrouvons. Moi, c’est dans les Vosges où je me retrouve. Et depuis quelques années, c’est là et seulement là où je veux être, où je veux retourner encore et encore. Dans les Vosges. Dans la forêt. Dans la forêt des Vosges. Je ne rêve plus d’Inde ou d’Australie, mes priorités ont bougé, …

Parfum d’helichrysums

Vendredi 22 juillet, 9h30. Il fait chaud, déjà vingt-sept degrés et la température, nous dit Météo-France, atteindra les trente-cinq degrés cette après-midi. Je devrais m’en réjouir mais préfère me calfeutrer chez moi. Je supporte difficilement cette chaleur lourde, suffocante dont je sais pourtant qu’elle ne durera pas, car nous sommes dans le Nord. Et puis, la ville empeste ; un mélange de poussière et de l’odeur caractéristique des trottoirs crasseux souillés d’urine. Il ne fait pas bon être à Lille en période de canicule. Je n’aime de chaleur que celle du sud, celle des îles grecques, leur chaleur sèche et parfumée. • À Serifos, nous traversons des paysages lunaires, ocre-jaune, sous un ciel chauffé à blanc. Quarante degrés et la sensation de cuire doucement. Sur le siège arrière de la voiture l’eau en bouteille est brûlante et ne désaltère pas. Nous roulons, toutes fenêtres ouvertes. La poussière de la route se dépose partout, sur le tableau de bord et sur nos visages. Quand nous arrêtons la voiture et coupons le moteur, le silence se fait, nous …

Une robe jaune à Venise

J’ai toujours trouvé très kitsch l’idée de Venise ville des amoureux. La guimauve d’un romantisme convenu ne lui sied pas ; la ville mérite mieux, de la passion discrète ou du sexe brûlant, ou les deux, oui, mais sans le mièvre et les violons qui en font rêver beaucoup. Moi qui ne supporte pas que l’on me prenne la main en public et déteste les effusions ostentatoires, j’ai parfois frémi à l’idée que monsieur Bruxelles puisse m’embrasser place Saint Marc – mais, me connaissant, il ne s’y est jamais risqué. J’ai bien le souvenir d’un retour nocturne qui nous vit traverser la ville les doigts enlacés, mais nous étions seuls ! L’air était d’une douceur qui invitait à un certain laisser aller, à une mollesse d’après diner quand le vin, les pâtes et le tiramisu ont fait leur œuvre. Le reste du temps un regard, un frôlement léger suffisaient. Pas besoin de se donner en spectacle. Cependant, et cela pourra sembler contradictoire, je regarde toujours avec une certaine tendresse ces femmes qui, installées avec leurs compagnons aux …

La forêt, les Vosges, la liberté

Mardi 7 septembre – Nous marchons depuis plus d’une heure sur un étroit sentier serpentant entre rochers et buissons de myrtilles. Le soleil filtre à travers les branches des sapins et des hauts pins sylvestres éclaboussant le sous-bois de tâches de lumière mouvantes. Il fait chaud, incroyablement chaud en ce début septembre, comme si l’été s’était enfin décidé à faire son travail après nous avoir infligé un temps catastrophique durant tout le mois d’août. Une mauvaise blague faite aux écoliers mais qui fait mon bonheur. L’été, la forêt s’offre d’une manière plus douce à ceux qui veulent s’y réfugier, permet la sieste le dos confortablement calé contre le tronc d’un arbre ou la pause thé que l’on étire à loisir car l’air est d’une douceur qui donne presque envie de pleurer. Je ne me suis pas sentie aussi bien depuis longtemps. Marcher, s’arrêter, regarder, humer le parfum de résine, ne penser à rien si ce n’est à mettre un pied devant l’autre en évitant de buter sur les rochers ou d’écraser des scarabées cheminant vers …

Burano

Aussi incroyable que cela puisse paraître, je n’étais jamais allée à Burano, découragée à l’idée de devoir affronter les troupes de touristes d’un jour que cette île attire comme un aimant. Autant à Venise on peut les semer, autant cela m’a toujours semblé plus difficile sur cette ile minuscule. Mais la pandémie ayant eu au moins le mérite de tenir à distance les hordes de barbares, je me décidai à quand même y passer une journée. Levée très tôt, je filai prendre le vaporetto sur les Fondamente Nove. Une petite demi-heure de marche sans croiser grand monde – heure matinale oblige – par les chemins connus de la Celestia et de San Zanipolo. Arrivée sur le ponton je déchantai quelque peu. Une vingtaine de touristes déjà épuisés par la chaleur attendaient le vaporetto pour Burano, des français pour la plupart à l’exception d’une tonitruante famille d’allemands dont le petit dernier avait été affublé d’une casquette de marin portant l’inscription « Venezia ». Pauvre gosse. On repère vite les gêneurs qui nous gâcherons à coup sûr un moment …

Venise encore, Venise toujours

17 juin 6h20. Mon avion décolle de Bruxelles direction Venise. J’y retourne enfin, soulagée que ce voyage soit finalement possible. Les frontières sont restées ouvertes et l’Italie a levé la quarantaine imposée jusqu’en avril aux voyageurs. Il aura quand même fallu montrer patte blanche, se plier à nouveau au goupillonement nasal, remplir des questionnaires, montrer des attestations puis attendre, légèrement angoissée, au comptoir d’enregistrement de Brussels Airlines des vérifications on ne peut plus pointilleuses mais maintenant, ça y est, je suis partie. L’avion a traversé l’épaisse couche de nuages flottant au-dessus de Bruxelles et vole dans le bleu ciel d’un petit matin de juin. Dans moins de deux heures je serai là-bas, enfin. *** Pourtant en octobre dernier, alors même que je quittais Venise, je m’étais dit que je n’y reviendrais pas de sitôt. Il me semblait en effet avoir eu mon content de balades, de peintures, de lumière matinale sur les ocres-roses des maisons et les marbres des palais, de calli désertes et de cette musique si particulière de la ville … J’avais la …