Mon genou gauche a eu raison de moi – enfin, plus précisément mon ménisque; ce petit cartilage en forme de croissant de lune qui, lorsqu’il se casse, révèle très douloureusement une présence que nous ignorions jusque là. La revanche des discrets en quelque sorte …
Me voilà donc immobilisée depuis plus de deux semaines, privée de sortie et contrainte à la patience. Une punition.
Heureusement, j’ai mon jardin suspendu, plus beau de jour en jour (je vous en montrerai quelques photos prochainement) et les livres !
Aujourd’hui, est-ce l’immobilité forcée qui m’a conduite à relire « Théorie du voyage » de Michel Onfray ? Sans doute.
Le besoin quasi viscéral de partir, de s’échapper, de vagabonder, de retrouver les lieux qui sont les nôtres – qui nous correspondent profondément – et finalement de se rencontrer soi même. Le désir du voyage qui commence dans les livres, avec les atlas et les cartes de géographie qui se nourrit de la poésie et qui jamais ne s’assouvit … C’est de cela dont il s’agit dans la Théorie du voyage.
« Jusqu’au bord du tombeau, il s’agit de vouloir encore et toujours la force, la vie, le mouvement. Le monde regorge de volcans à gravir, de rivages à méditer, de fleuves à descendre, de routes à emprunter, de trains et d’avions à prendre, il offre sans discontinuer des aubes, des aurores et des crépuscules, des pluies et des soleils incandescents, des déserts et des montagnes, des forêts et des campagnes, il propose des aurores boréales et des parhélies, des arcs en ciel et des tornades, des nuages, ces merveilleux nuages, des climats et des magies, il invite à franchir des tropiques, chevaucher l’équateur, aller au-delà du Cercle polaire, se baigner dans l’océan Indien, visiter les pyramides et la Muraille de Chine ou les temples incas. »
Il y a les livres donc et aussi, à côté de moi, comme un compagnon de lecture, aussi présent qu’un chat, un magnifique lys rose au parfum vanillé qui me rappelle que les souvenirs de voyage sont aussi des souvenirs parfumés.
Je crois que c’est Picasso qui disait que rien ne sert de voyager, de courir le monde alors que rien n’est plus merveilleux que la contemplation des reflets de la course du soleil dans sa chambre. Oui, c’est vrai. Mais l’un n’empêche pas l’autre…