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Cucurrucucù

J’ai toujours pensé que dans la vie, pour les grandes comme les petites choses, tout est une question de moment. Le bon moment, le moment juste, le moment opportun ou plutôt, le moment où l’on est prêt. Prêt à lire un livre qui va transformer notre regard sur le monde, prêt à apprécier tel compositeur (qu’on détestait jusqu’alors), prêt à découvrir telle personne (à l’opposé pourtant de ceux que l’on jugeait – un peu étroitement – trop différents de nous) … Là non plus il n’y a pas de hasard. La vie agence toutes nos expériences comme les pièces d’un puzzle, nous adoucit, nous rend plus indulgent mais également nous renforce, nous mène, mine de rien, vers ce qui nous est essentiel, ce qui répondra à nos questions, ce qui nous correspondra … Enfin, pour moi en tous cas.

Il y a quelques semaines, à une heure avancée de la nuit (j’ai, par nature, des horaires espagnols), je sirotais doucement une verveine. Il fallait que j’aille me coucher – le lendemain j’avais école – mais je voulais encore un peu, un tout petit peu, prolonger la soirée, prolonger ce temps de liberté volé sur la nuit … Il me fallait un alibi ; je décidais – afin de me donner doublement bonne conscience – que ce serait la recherche d’un tardif journal télévisé afin de me tenir un peu au courant de la course du monde ! Je zappais donc, sautais d’une chaîne à l’autre puis m’arrêtais soudain. Point de journal, non, mais un film : « Parle avec elle » de Pedro Almodovar. Déjà vu, adoré, reconnu en un fragment de seconde. Le hasard étant ce qu’il est (c’est-à-dire, jamais là par hasard …), le film en était à cet instant précis où Caetano Veloso chante « Cucurrucucù Paloma ».

Tout le monde connait cette chanson que d’aucuns trouveront d’un kitsch absolu. Moi-même je pense m’en être moquée, la chantant en roulant les «r » et avec un sourire dans la voix.

C’était sans connaitre cette version-là, sans connaitre la voix de Veloso, sa douceur, sa mélancolie et l’incroyable émotion qu’elle suscite ; d’abord chez l’un des personnages du film et chez nous, à l’identique … Comment avais-je pu ne pas entendre cette chanson lorsque j’avais découvert puis revu ce film ? Pourquoi n’en avais-je pas été bouleversée comme je l’étais à présent ?

Une question de moment sans doute …

En tous cas, ce soir-là, cette chanson était pour moi. Elle était moi. Et je sais pourquoi – mais ça, c’est une autre histoire …

Je vous laisse écouter cette merveille Vous me direz …


Musical - Hable Con Ella - Cucurrucucu

Pour ceux qui voudraient revoir le film :
Parle avec elle (Hable con ella), 2002
Film de Pedro Almodovar

 


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