Auteur : Virginie M.

Cailloux

J’aime les cailloux, les pierres, les galets … Chez moi, ils sont posés un peu partout, sur la bibliothèque, ma table de chevet, mon bureau … Ce sont des souvenirs de voyage, de moments heureux, de paysages … Lorsque je me promène, je les vois, je les attrape, les glisse dans ma poche et les emporte chez moi tels des trésors, des prises de guerre volées au temps qui passe. Un fragment de rocher, un fragment d’éternité, un fragment de beauté. Des galets comme des sculptures. Ces trois galets proviennent de la pointe de Sagres (ou cap Saint Vincent, à l’extrême sud-ouest de l’Europe) au Portugal. Ce sont mes préférés. Les tenir dans la paume de la main est un bonheur absolu. Des galets comme des bijoux. Un caillou comme une peinture de Miro. Des galets magiques aux lignes graphiques. Les cailloux sont des fragments de temps arrêté, de l’éternité solide, des planètes de poche. La roche raconte l’histoire de la terre et du temps – ce temps infini qui les a polis, sculptés pour qu’ils …

Ancolies

Au printemps, déferlante d’ancolies dans le jardin ! Les ancolies sont partout. Enfin … presque. En effet, Diane qui ne fait jamais les choses à moitié sema, il y a quelques années, les ancolies à profusion. Mais c’était sans compter sur leur capacité à proliférer jusqu’à devenir quelque peu envahissantes. Il fallut donc les éclaircir, voire les arracher, afin que les autres plantes puissent respirer. Mais pas sans avoir récolté leurs graines minuscules. Un nouveau parterre – rien que pour elles ! – fût créé, dédié à la couleur dansante de ces fleurs aux feuilles en forme d’ailes d’ange … Les ancolies furent transplantées et semées, comme il se doit, à l’automne pour une floraison au printemps suivant ; une véritable explosion de couleurs ! Même Monsieur Gut, qui nous aide au jardin, fût estomaqué de tant de beauté et s’exclama, à l’attention ma mère : « Oh, c’est quand même beau, hein, madame ! ». Outre, cet espace qui leur est réservé, il subsiste néanmoins bon nombre d’ancolies dans plusieurs autres parterres où elles se mélangent joliment aux rosiers, pulmonaires, géraniums … …

La Grèce

Je me suis souvent dit que, dans une vie antérieure, j’ai dû vivre là-bas, dans une île ocre posée telle un gros galet sur le bleu outremer de la mer Egée. Je l’ai déjà évoqué, je suis persuadée que nous sommes destinés à rencontrer des lieux qui nous correspondent et nous donnent l’impression en les découvrant d’être chez nous. Je pense même qu’il existe pour chacun un lieu emblématique, point d’arrivée et point de départ de nos expériences de voyage passées et futures. Comme un repère, une évidence, la révélation que tous les lieux que nous avons aimés jusque-là et tous ceux que nous aimerons ensuite sont de la même famille. La chaleur humide et la luxuriance des îles tropicales ne sont pas ma tasse de thé. Ce que j’aime, c’est la chaleur sèche et stridente, les parfums chauffés de la myrrhe et des figuiers, le vent brûlant, la poussière comme du sable. Mais surtout, les collines râpées couvertes d’herbes sèches, de buissons qui semblent faire corps avec la terre et de juste quelques arbres. …

Prémices de printemps

Le ciel est bleu myosotis et l’air tout vibrant des promesses du printemps. Avez-vous remarqué comme cela nous rend joyeux et comme, à l’instar des chats, nous n’avons alors qu’une seule envie : être dehors, libres, humer la saison nouvelle, fermer les yeux de contentement sous la caresse chaude d’un soleil tout neuf et explorer avec des yeux tout aussi neufs la nature alentour. C’est ce que j’ai fait la semaine dernière. Une semaine de vacances à Doudeauville ! Bon, j’ai certes travaillé dans ce que j’appelle les coulisses du jardin (et de la maison) mais ce travail, immédiatement visible, a du bon. Noyer la poussière et les toiles d’araignées de l’hiver avec un nettoyeur haute pression, brosser la mousse des dalles de la terrasse, tailler tel un figaro vert sauges, lavandes, artémisias et spirées permet de se recentrer sur l’essentiel. Le balai brosse favorise la réflexion … Réfléchir, clarifier ses idées et hiérarchiser (oh, mon dieu ! je parle comme au travail) ses priorités, ses envies, ses objectifs est d’autant plus aisé que nos mains sont occupées …

Pâques et Reine de Saba

Comme tous les ans, nous avons fêté Pâques à la campagne. J’adore disposer dans la maison œufs multicolores, poules et lapins (on reste des enfants, n’est-ce pas ?) et cueillir les premières fleurs du jardin, indispensables pour fêter le renouveau. A Pâques, la tradition familiale veut que nous dégustions une «Reine de Saba » qui est, selon moi, le gâteau au chocolat le plus exquis qui soit. Ma mère en avait découvert la recette dans « La Bonne Cuisine », revue dont elle était fidèle lectrice, alors que mon frère et moi étions encore petits – mais déjà gourmets (plutôt que gourmands). Chocolaté à souhait, d’une texture moelleuse et fondante, ce gâteau avait enchanté nos papilles. Ma mère le trouvait – à juste titre – très élégant, et se prêtant parfaitement à différentes décorations. Il n’en fallait pas plus pour que la Reine de Saba devienne notre gâteau de fêtes. La première Reine de Saba fut donc suivie de beaucoup d’autres et il n’est pas de Pâques sans ce gâteau. D’ailleurs, le seul souvenir de sa texture si particulière …

La poudre d’escampette

Hier, journée de grand beau temps – ciel crissant de froid bleu et soleil joyeux d’un printemps qui s’annonce -, je déjeunais avec mon amie Laurence. Double plaisir donc. Tout en picorant nos tartelettes de potimarron et nos épinards à la crème nous avons parlé, comme à notre habitude, de nos vies, de nos envies, des livres que nous lisons, des peintres que nous aimons et aussi de la nécessité de savoir s’abstraire, de temps à autre, du monde réel lorsque le quotidien nous submerge, nous emprisonne, nous désespère. Tout simplement pour reprendre son souffle comme le ferait un nageur de brasse coulée. S’échapper mentalement me sauve toujours de ces moments odieux où l’on est tout bonnement coincé ; ces moments que l’on doit subir le plus stoïquement possible. Je pense par exemple à ces réunions de travail souvent inutiles et d’un ennui tel que l’on hésite alors entre pousser un hurlement (libérateur certes mais professionnellement risqué) ou la fuite (plus raisonnable – surtout lorsqu’elle n’est que mentale…) Je vous ai déjà parlé de mon besoin …

Hellébores

J e vous avais promis un petit article sur l’exposition d’hellébores que Diane et moi avions visité en févier dernier. Certains de mes amis bloggeurs, amis instagrameurs ou amis tout court m’avaient dit attendre avec impatience (ce qui est très gentil de leur part) le compte-rendu de notre visite. J’ai tardé, j’en conviens, beaucoup trop tardé à vous livrer quelques photos … Et pourtant le mois de février comptait 29 jours cette année ! Mais c’était oublier les jours se succédant à la vitesse de la lumière, les contraintes, les obligations et les petites horreurs quotidiennes – réunions inutiles, embouteillages, temps perdu, stress, dossiers urgents, réunions encore et inutiles toujours, et enfin voiture pour rentrer épuisée. Mon pauvre blog en a pâti. Mais bon, parlons plutôt des hellébores, ces plantes aux fleurs penchées que seuls les passionnés de botanique ou les curieux connaissent et admirent. A Oostkamp, petit village de Flandre occidentale à deux pas de Bruges, se trouve la pépinière Het Wilgenbroek de Thierry et Anneke Van Paemel, les spécialistes incontestés de l’hellébore en …

Bistro Maurice

J’y suis retournée la semaine dernière. Encore ! me direz vous. Oui, mais pour deux bonnes raisons : d’abord parce que Diane et moi avions prévu de visiter une exposition d’hellébores à deux pas de là (je vous en parlerai dans un prochain article) et qu’il nous fallait nous sustenter avant la découverte de ces beautés végétales (je suis plus réceptive lorsque mon estomac est calé …) ; et ensuite parce que je vous avais promis un peu plus de photos de cette bonne adresse – découverte lors d’une ballade à Bruges il y a quelques semaines. Et comme je tiens mes promesses … De plus, j’ai pensé que si vous aimez Bruges de la même manière que moi, vous aimeriez faire une halte chez Maurice. Ici, pas de décor historico-kitsch mais du blanc et de la sérénité – à l’image du béguinage qui se trouve tout à côté … Une carte courte (gage de fraicheur), une cuisine simple mais juste (cuissons et assaisonnements parfaits), des spécialités belges et des poissons de la mer du Nord … Que …

Cucurrucucù

J’ai toujours pensé que dans la vie, pour les grandes comme les petites choses, tout est une question de moment. Le bon moment, le moment juste, le moment opportun ou plutôt, le moment où l’on est prêt. Prêt à lire un livre qui va transformer notre regard sur le monde, prêt à apprécier tel compositeur (qu’on détestait jusqu’alors), prêt à découvrir telle personne (à l’opposé pourtant de ceux que l’on jugeait – un peu étroitement – trop différents de nous) … Là non plus il n’y a pas de hasard. La vie agence toutes nos expériences comme les pièces d’un puzzle, nous adoucit, nous rend plus indulgent mais également nous renforce, nous mène, mine de rien, vers ce qui nous est essentiel, ce qui répondra à nos questions, ce qui nous correspondra … Enfin, pour moi en tous cas. Il y a quelques semaines, à une heure avancée de la nuit (j’ai, par nature, des horaires espagnols), je sirotais doucement une verveine. Il fallait que j’aille me coucher – le lendemain j’avais école – mais …

Bruges d’hiver

Il est des villes à qui l’hiver sied à merveille et Bruges en fait partie. Le froid et le gris vident ses rues. La ville retrouve alors le visage qu’elle devait avoir au 15ème siècle ou, plus près de nous, à l’époque qui n’avait pas encore inventé le tourisme de masse et ses hordes de barbares arpentant places et ruelles comme elles le feraient dans un parc d’attraction … Mais là, c’est un autre sujet et ce n’est pas tant certains malheureux touristes qui sont à blâmer mais une déliquescence certaine de l’éducation … Et puis, ne faisons pas notre ronchon car loin de moi l’envie de vous ennuyer mais plutôt de vous donner l’envie de découvrir Bruges l’hiver ! Samedi dernier donc, jour on ne peut plus glacial, nous avons traversé une partie de la Flandre en écoutant les concertos pour mandoline de Vivaldi (en accord parfait avec le paysage gelé), heureux à la perspective de flâner dans une ville livrée à ses vrais amoureux. Et pour cause … juste trois petits degrés, des rubans …