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Cailloux

J’aime les cailloux, les pierres, les galets … Chez moi, ils sont posés un peu partout, sur la bibliothèque, ma table de chevet, mon bureau … Ce sont des souvenirs de voyage, de moments heureux, de paysages …

Lorsque je me promène, je les vois, je les attrape, les glisse dans ma poche et les emporte chez moi tels des trésors, des prises de guerre volées au temps qui passe. Un fragment de rocher, un fragment d’éternité, un fragment de beauté.

Des galets comme des sculptures.

Ces trois galets proviennent de la pointe de Sagres (ou cap Saint Vincent, à l’extrême sud-ouest de l’Europe) au Portugal. Ce sont mes préférés. Les tenir dans la paume de la main est un bonheur absolu.

Des galets comme des bijoux.

Un caillou comme une peinture de Miro.

Des galets magiques aux lignes graphiques.

Les cailloux sont des fragments de temps arrêté, de l’éternité solide, des planètes de poche. La roche raconte l’histoire de la terre et du temps – ce temps infini qui les a polis, sculptés pour qu’ils puissent un jour croiser notre route. Ils nous attendaient en quelque sorte, au pied des falaises de la pointe de Sagres, dans l’eau turquoise de la baie de Sikamia, au cœur de la forêt des Vosges, sur une plage de la mer de Norvège. Ils sont là, prêts à être cueillis après des milliers d’années de charivari des vagues en rouleaux, de vent, de glace, de tous les éléments terrestres qui ont façonné ces petites merveilles géologiques. Tenir au creux de sa main un galet rond incite à la modestie et à prendre conscience de notre place dans l’univers. Avant moi, après moi, les cailloux ont été et seront toujours là.

Pourquoi choisit-on ce caillou et pas un autre ? J’aime penser – en fait j’en suis persuadée – qu’ils m’attendaient et m’étaient destinés. Encore une question de hasard et de rencontre…

Et vous, ramassez-vous des cailloux ?

 


Les cailloux que j’ai photographiés proviennent de Grèce. Plus précisément des îles de Serifos, Milos, Sifnos, Armogos pour n’en citer que quelques unes. Il fallait bien faire un choix. Il fût thématique : les cailloux de la mer … Les cailloux de la terre viendront ensuite. A mon retour d’Ecosse, je partagerai mes trésors ici même (si vous n’en êtes pas lassés !).

Je ne peux pas terminer cet article sans le dédier (allons bon, Virginie, ce n’est qu’un modeste article de ton très modeste blog ! Oui, oui, et alors ?) à mon père adoré et mon oncle favori. Christian et Thierry, géographes et géologues, vulcanologue passionnés et passionnants. J’ai de qui tenir … mais juste du côté des trésors ! La science est une affaire de grands …

 


 

Ancolies

Au printemps, déferlante d’ancolies dans le jardin ! Les ancolies sont partout. Enfin … presque.

En effet, Diane qui ne fait jamais les choses à moitié sema, il y a quelques années, les ancolies à profusion. Mais c’était sans compter sur leur capacité à proliférer jusqu’à devenir quelque peu envahissantes. Il fallut donc les éclaircir, voire les arracher, afin que les autres plantes puissent respirer. Mais pas sans avoir récolté leurs graines minuscules. Un nouveau parterre – rien que pour elles ! – fût créé, dédié à la couleur dansante de ces fleurs aux feuilles en forme d’ailes d’ange …

Les ancolies furent transplantées et semées, comme il se doit, à l’automne pour une floraison au printemps suivant ; une véritable explosion de couleurs ! Même Monsieur Gut, qui nous aide au jardin, fût estomaqué de tant de beauté et s’exclama, à l’attention ma mère : « Oh, c’est quand même beau, hein, madame ! ».

Outre, cet espace qui leur est réservé, il subsiste néanmoins bon nombre d’ancolies dans plusieurs autres parterres où elles se mélangent joliment aux rosiers, pulmonaires, géraniums …

Après la floraison, de mai à juin, les fleurs séchées renferment des milliers de graines minuscules. Il faut donc veiller à couper les fleurs fanées si vous souhaitez limiter leur prolifération. En été, leur feuillage reste bien vaillant et fait merveille dans les bouquets.

Vous l’aurez compris, j’adore les ancolies. Ce sont des plantes de jardin de curé, des plantes du temps passé d’une sophistication simple et d’une robuste délicatesse – des fleurs de jardin de campagne quoi !

Notre œil s’accroche à leurs teintes variant du bleu au rose en passant par toutes les nuances de mauve, de prune, de violine.

Certaines sont même bicolores  alliant le bleu violacé et le blanc.

Peut-être, si vous ne connaissiez pas ces fleurs, vous aurais-je donné envie d’en semer dans votre jardin ? Je l’espère, car vous en serez émerveillés et ravis !

Ces fleurs sont de la poésie …

 


Les ancolies (Aquilegia – Renonculacées).
Les Ancolies, fleurs du genre Aquilegia, sont des plantes vivaces et rustiques (jusqu’à moins 15°) qui ne vivent, le plus souvent, que quelques années. Cependant elles se ressèment spontanément avec beaucoup de facilité.
Les ancolies se plaisent au soleil ou à la mi-ombre dans un sol frais et léger mais elles supportent tout à fait un terrain argileux et humide (pour preuve, notre jardin !).
Leur hauteur varie de 40 à 80 cm.
Elles font d’excellentes fleurs à couper.


 

La Grèce

Je me suis souvent dit que, dans une vie antérieure, j’ai dû vivre là-bas, dans une île ocre posée telle un gros galet sur le bleu outremer de la mer Egée.

Je l’ai déjà évoqué, je suis persuadée que nous sommes destinés à rencontrer des lieux qui nous correspondent et nous donnent l’impression en les découvrant d’être chez nous. Je pense même qu’il existe pour chacun un lieu emblématique, point d’arrivée et point de départ de nos expériences de voyage passées et futures. Comme un repère, une évidence, la révélation que tous les lieux que nous avons aimés jusque-là et tous ceux que nous aimerons ensuite sont de la même famille.

La chaleur humide et la luxuriance des îles tropicales ne sont pas ma tasse de thé.

Ce que j’aime, c’est la chaleur sèche et stridente, les parfums chauffés de la myrrhe et des figuiers, le vent brûlant, la poussière comme du sable. Mais surtout, les collines râpées couvertes d’herbes sèches, de buissons qui semblent faire corps avec la terre et de juste quelques arbres. Et le vent. Et la mer tout autour. Les villages blancs. Les grands aplats bleus, blancs et jaunes du paysage. Le bruit du vent dans le silence.

Mon lieu, c’est la Grèce ou plus précisément un chapelet de petites îles arides, éparpillées comme des cailloux. Là, je suis parfaitement bien.

J’ai séjourné dans ce moulin, lors de ma découverte de l’île de Sifnos. On ne pouvait rêver meilleur poste d’observation pour voir la lune se lever puis se refléter sur la mer, écouter le vent et contempler le bleu à perte de vue tout autour de nous …

Vous le savez, je peux convoquer à loisir mes souvenirs grecs pour m’échapper mentalement

Je peux aussi, presque par surprise, retrouver ici les sensations éprouvées là-bas.

Comme hier, par grand beau temps à la campagne … Rien de plus éloigné de la Grèce que les collines du Boulonnais me direz-vous. Et pourtant … En effleurant nos gros buissons d’hellychrysums (j’ai demandé à Diane d’installer sur une des terrasse un « coin méditerranée »), leur parfum de curry porté par le vent léger, le silence d’un midi étouffant – lorsque la nature semble retenir son souffle et s’économiser par trop de chaleur, laissant le vent et le soleil seuls sur la terre – m’ont instantanément transportée là-bas. Une bouffée d’île grecque … Une bouffée de bonheur.

Ce que j’aime là-bas, je le retrouve par fragments sensoriels ici.

Cela dit, je devais déjà, depuis toujours, aimer ces paysages, ces sensations, ces parfums … La Grèce n’en est que le concentré, le révélateur.

Lorsque j’étais petite, nous avons passé de nombreux étés près de Grasse. Rien ne me ravissait plus alors que nos excursions, là-bas, très haut, au-delà des champs de lavandes, là où la végétation se raréfie et où le paysage devient minéral. Nous appelions cet endroit les jardins ! Autre souvenir, la côte dalmate. J’avais juste 9 ans mais je me rappelle parfaitement du blanc éblouissant des longues îles qui semblaient flotter, telles des sardines géantes, sur le bleu de la méditerranée …

Mon frère qui a vécu les mêmes paysages que moi n’est jamais plus heureux qu’au sommet du Mont-Ventoux ou de la montage Sainte Victoire. Allez savoir pourquoi … Les expériences de l’enfance forment les goûts des adultes n’est-ce pas ? Et là, j’ai eu beaucoup de chance ! Voyager (ce que nous avons beaucoup fait tous les quatre, petite compagnie familiale d’explorateurs) m’a donné la possibilité de découvrir ce qui me plait et me correspond. Un peu comme la carte savoureuse et généreuse d’un très bon restaurant… On ne peut pas aimer ce que l’on ne connait pas m’a toujours dit ma mère (et cela s’applique d’ailleurs à tout dans la vie). Oui, j’aime que ce j’ai découvert, reconnu, retrouvé mais également … tout ce qui me reste à découvrir. Sœur jumelle ou lointaine cousine de la Grèce, l’important est bien de voyager, de ressentir et de s’émerveiller n’est-ce pas ?

Et vous quelle est votre endroit repère ?

 


 

Mes îles ? Serifos, Sifnos, Folegandros, Astypalea, Milos, Santorin, Amorgos, Paros …


 

Prémices de printemps

Le ciel est bleu myosotis et l’air tout vibrant des promesses du printemps. Avez-vous remarqué comme cela nous rend joyeux et comme, à l’instar des chats, nous n’avons alors qu’une seule envie : être dehors, libres, humer la saison nouvelle, fermer les yeux de contentement sous la caresse chaude d’un soleil tout neuf et explorer avec des yeux tout aussi neufs la nature alentour.

C’est ce que j’ai fait la semaine dernière. Une semaine de vacances à Doudeauville ! Bon, j’ai certes travaillé dans ce que j’appelle les coulisses du jardin (et de la maison) mais ce travail, immédiatement visible, a du bon. Noyer la poussière et les toiles d’araignées de l’hiver avec un nettoyeur haute pression, brosser la mousse des dalles de la terrasse, tailler tel un figaro vert sauges, lavandes, artémisias et spirées permet de se recentrer sur l’essentiel. Le balai brosse favorise la réflexion … Réfléchir, clarifier ses idées et hiérarchiser (oh, mon dieu ! je parle comme au travail) ses priorités, ses envies, ses objectifs est d’autant plus aisé que nos mains sont occupées à faire place nette. Le ménage concret au service du ménage mental…

Mais bon, là n’est pas le sujet car lors de cette semaine ménagère j’ai malgré tout pris le temps, tout mon temps, – c’est ma nature, on ne se refait pas – pour explorer le jardin, une tasse de thé à la main, cela va sans dire, et l’appareil photo dans l’autre …

Chaussez vos bottes, je vous emmène pour la toute première visite de la saison !

Les nivéoles sont, après les perce-neige, les premières fleurs à éclore. J’adore leur port élégant qui fait merveille dans les bouquets !

J’adore également la floraison toute japonaise des amélanchiers. Ils feront de jolis petits fruits à l’automne.

Mais la star printanière est selon moi la fritillaire pintade (Fritillaria meleagris) et son surprenant motif de damier rose et prune.

Diane en avait découvert quelques unes à l’état naturel dans le jardin.  Intriguée, elle a consulté « La flore de la Flandre française » (ouvrage du Centre Régional de Phyto Sociologie agréé Conservatoire Botanique National de Bailleul – une véritable bible !) pour découvrir que cette espèce indigène est gravement menacée d’extinction et que sa présence est exceptionnelle. Mais les fritillaires ont dû trouver notre jardin à leur goût puisqu’elles ont colonisé une partie des parterres les plus humides.

Les nichoirs ont été réinstallés et n’attendent que leurs hôtes ! Ici un nichoir pour mésange charbonnière (à chaque oiseau un type de nichoir et un diamètre de porte adapté).

Pulmonarias et … courageux bourdon ! Je dis « courageux » car en dépit du temps encore très frais, il est l’un des premiers insectes à visiter le jardin et à butiner du point du jour au coucher du soleil.

L’ail des ours se cache entre les feuilles d’ancolies.

Pas de printemps sans jacinthes. Oui, mais des bois. Tellement plus belles.

Le bien nommé pinson des arbres en plein concert. Pour l’écouter cliquer ici sur un site découvert grâce à Catherine !

Violettes du Schoeneck. Nous les appelons ainsi car elles proviennent du château du même nom caché dans une forêt des Vosges du nord. Nous y allions tous les ans à Pâques quand j’étais petite (c’est-à-dire il a fort longtemps !) et Diane en avait prélevé un tout petit pied. Ces violettes nous ont suivies à Doudeauville, se sont bien acclimatées et ont joliment envahi plusieurs coins du jardin. Un beau souvenir, mieux qu’une photo, non ?

Et pour finir cette toute petite balade, l’étang bleu des symphytums (ou consoude). En accord avec le ciel…

 


 

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Pâques et Reine de Saba

Comme tous les ans, nous avons fêté Pâques à la campagne. J’adore disposer dans la maison œufs multicolores, poules et lapins (on reste des enfants, n’est-ce pas ?) et cueillir les premières fleurs du jardin, indispensables pour fêter le renouveau.

A Pâques, la tradition familiale veut que nous dégustions une «Reine de Saba » qui est, selon moi, le gâteau au chocolat le plus exquis qui soit. Ma mère en avait découvert la recette dans « La Bonne Cuisine », revue dont elle était fidèle lectrice, alors que mon frère et moi étions encore petits – mais déjà gourmets (plutôt que gourmands). Chocolaté à souhait, d’une texture moelleuse et fondante, ce gâteau avait enchanté nos papilles. Ma mère le trouvait – à juste titre – très élégant, et se prêtant parfaitement à différentes décorations. Il n’en fallait pas plus pour que la Reine de Saba devienne notre gâteau de fêtes. La première Reine de Saba fut donc suivie de beaucoup d’autres et il n’est pas de Pâques sans ce gâteau. D’ailleurs, le seul souvenir de sa texture si particulière – et que l’on doit aux amandes en poudre et à la richesse des ingrédients (allergiques au sucre et malheureux au régime, passez votre dessert !) – m’évoque immanquablement les réunions familiales avec Mamie, Bon-papa, Marie et l’oncle Adolphe …

Tout change, et mon frère et moi ne sommes plus vraiment des enfants. Quoi que … il suffit de manger une part de ce gâteau … Rien ne change en fait puisqu’il est toujours aussi bon.

Voilà la recette !

Reine de Saba

Pour 6 personnes
250 g de chocolat noir
6 œufs
250 g de beurre
250 g de sucre en poudre
100 g de farine
100 g d’amandes en poudre
2 paquets de sucre vanillé

Faire fondre le chocolat avec 6 CàS d’eau dans une casserole sur feux très doux et en remuant avec une cuillère en bois.
Couper le feu.
Ajouter le beurre coupé en petits morceaux, le sucre en poudre et le sucre vanillé, les amandes, les jaunes d’œufs puis la farine en mélangeant bien à chaque ajout d’ingrédients.
Battre les blancs en neige ferme avec une pincée de sel. Incorporer les délicatement à la préparation en soulevant bien.
Verser ensuite l’appareil dans un moule à manquer beurré et fariné.
Cuire 35 mn à 160 °c.
Vérifier la cuisson / démouler à chaud sur une grille à pâtisserie.

Vous pouvez également utiliser un moule à savarin afin de créer un gâteau en forme de nid (pour Pâques). Pour le décor, un nuage de sucre glace est en accord avec sa simplicité chic, mais des fruits de saison ou, tout simplement, comme ici des fleurs de printemps lui conviennent parfaitement. Pour ma part, je trouve que disposer des fleurs sur un gâteau est la plus jolie manière qui soit de le décorer. Mais bon, à chacun de laisser libre court à son imagination…

Le grand plus ! Ma mère, cuisinière hors pair s’il en est, sert toujours la Reine de Saba accompagnée d’une crème pâtissière peu épaisse parfumée au kirsch. L’alliance de la crème et du gâteau est tout simplement à tomber !

Succomberez-vous à la Reine de Saba ?

 


 

La poudre d’escampette

Hier, journée de grand beau temps – ciel crissant de froid bleu et soleil joyeux d’un printemps qui s’annonce -, je déjeunais avec mon amie Laurence. Double plaisir donc.

Tout en picorant nos tartelettes de potimarron et nos épinards à la crème nous avons parlé, comme à notre habitude, de nos vies, de nos envies, des livres que nous lisons, des peintres que nous aimons et aussi de la nécessité de savoir s’abstraire, de temps à autre, du monde réel lorsque le quotidien nous submerge, nous emprisonne, nous désespère. Tout simplement pour reprendre son souffle comme le ferait un nageur de brasse coulée.

S’échapper mentalement me sauve toujours de ces moments odieux où l’on est tout bonnement coincé ; ces moments que l’on doit subir le plus stoïquement possible. Je pense par exemple à ces réunions de travail souvent inutiles et d’un ennui tel que l’on hésite alors entre pousser un hurlement (libérateur certes mais professionnellement risqué) ou la fuite (plus raisonnable – surtout lorsqu’elle n’est que mentale…)

Je vous ai déjà parlé de mon besoin de m’échapper car toute forme de contrainte, tout enfermement, toute limitation à ma possibilité de faire, de dire, de penser comme je veux m’est difficilement supportable. Alors, pour m’échapper justement, j’ai une petite « parade zen » : je me transporte par la pensée dans les endroits que j’ai aimés. Je les imagine. Pas besoin de fermer les yeux. Vous pouvez même feindre un extrême intérêt pour le conférencier dont la logorrhée a déjà fait s’assoupir vos collègues ou avoir les yeux dans le vague. Personne ne se rendra compte que vous êtes ailleurs. Vous pouvez entamer un voyage de survie grâce à une petite collection d’images mentales qu’il suffit de vous constituer au gré de vos découvertes, de vos émerveillements …

Un exemple ?

Pas plus tard que la semaine dernière j’ai quitté une salle de conférence pour plonger dans les eaux de la mer Egée.

J’ai rejoint la petite crique de Sotiras au sud de l’ile de Serifos dans les Cyclades. J’ai emprunté l’étroit chemin de terre qui serpente d’abord entre lauriers roses, figuiers et roseaux, puis sur une colline ocre piquetée de grosses touffes d’helichrysums pour déboucher enfin sur ma plage de sable grège et de gros rochers blancs. Personne. Juste le bruit du vent et le soleil qui brûle la peau. La mer est outremer. Les vagues légères. Je sais que si je plonge à cet endroit précis où l’eau sur la roche claire prend une teinte turquoise, je tomberai nez à nez avec des bancs de petits poissons vif argent. Je sais surtout que c’est là, à juste un mètre du rivage, que le mouvement des vagues soulève et fait danser des grains d’or. Des grains de sable comme des pépites. Derrière mon masque de plongée, j’observe longuement cette féerie sous-marine, le mouvement de l’eau rendu visible par le mouvement du sable devenu poudre précieuse … A l’heure où j’y repense, la même magie doit être en train de se produire, là-bas à Serifos. Les grains de sable continuent de danser. Plus personne pour les voir – peut-être juste la lune ou quelque poisson esthète ? Et moi … dans ma salle de conférence…

Et vous, quel est votre petite « parade-zen » ?

 


 

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Hellébores

J
e vous avais promis un petit article sur l’exposition d’hellébores que Diane et moi avions visité en févier dernier. Certains de mes amis bloggeurs, amis instagrameurs ou amis tout court m’avaient dit attendre avec impatience (ce qui est très gentil de leur part) le compte-rendu de notre visite. J’ai tardé, j’en conviens, beaucoup trop tardé à vous livrer quelques photos … Et pourtant le mois de février comptait 29 jours cette année ! Mais c’était oublier les jours se succédant à la vitesse de la lumière, les contraintes, les obligations et les petites horreurs quotidiennes – réunions inutiles, embouteillages, temps perdu, stress, dossiers urgents, réunions encore et inutiles toujours, et enfin voiture pour rentrer épuisée. Mon pauvre blog en a pâti.

Mais bon, parlons plutôt des hellébores, ces plantes aux fleurs penchées que seuls les passionnés de botanique ou les curieux connaissent et admirent.

A Oostkamp, petit village de Flandre occidentale à deux pas de Bruges, se trouve la pépinière Het Wilgenbroek de Thierry et Anneke Van Paemel, les spécialistes incontestés de l’hellébore en Belgique et bien au-delà. Thierry Van Pamel est en effet un producteur d’hellébores mais surtout un obtenteur reconnu dont les créations s’exportent dans le monde entier.

Chaque année, en février, les Van Paemel organisent une exposition des différentes variétés d’hellébores (Orientalis, Niger, Foetidus …) et de leurs obtentions.

A Doudeauville, nous avons planté des hellébores Orientalis et Niger (communément appelées roses de Noël) car ils sont parfaitement adaptés à notre terrain argileux et humide. Ils ont la particularité de conserver leur feuillage d’un beau vert sombre toute l’année, de fleurir l’hiver et au tout début du printemps, de pousser à l’ombre ou la mi-ombre, de ne pas craindre le froid et de toujours se relever après le gel. De vrais courageux !

Les fleurs d’hellébores ont encore un atout supplémentaire : elles tiennent très bien en vase.

Je réalise très souvent des centres de table en utilisant des hellébores dont je coupe la tige au plus près de la fleur afin de pouvoir les faire flotter dans une belle coupe remplie d’eau. Très facile à réaliser et effet garanti !

Cependant, attention à ne pas les manger ! Les hellébores, qui étaient utilisés par les plus célèbres empoisonneurs, provoquent crampes, vomissement et même … la mort. Mieux vaut donc s’abstenir.

Contentons-nous de les admirer …

 


 

La pépinière Het Wilgenbroek (« fournisseur officiel » de notre jardin de Doudeauville), outre les hellébores, est également spécialisée dans les plantes d’ombre (hostas, fougères …) et toutes les plantes vivaces (d’une qualité remarquable).

Si vous habitez le nord de la France ou la Belgique, je ne peux que vous conseiller d’y faire vos emplettes végétales. Vous pourrez ainsi rencontrer et discuter avec le très sympathique Thierry Van Paemel et découvrir une pépinière qui est également un jardin de toute beauté.

 

 

Het wilgenbroek
Wilgenbroekstraat 60
8020 Oostkamp, Belgique
www.hetwilgenbroek.be

Une émission Jardins et loisirs de la RTBF avait été consacrée à la pépinière Het Wilgenbroek le 13 juin 2013. Pour la découvrir, cliquez ICI.


 

Bistro Maurice

J’y suis retournée la semaine dernière. Encore ! me direz vous. Oui, mais pour deux bonnes raisons : d’abord parce que Diane et moi avions prévu de visiter une exposition d’hellébores à deux pas de là (je vous en parlerai dans un prochain article) et qu’il nous fallait nous sustenter avant la découverte de ces beautés végétales (je suis plus réceptive lorsque mon estomac est calé …) ; et ensuite parce que je vous avais promis un peu plus de photos de cette bonne adresse – découverte lors d’une ballade à Bruges il y a quelques semaines. Et comme je tiens mes promesses …

De plus, j’ai pensé que si vous aimez Bruges de la même manière que moi, vous aimeriez faire une halte chez Maurice. Ici, pas de décor historico-kitsch mais du blanc et de la sérénité – à l’image du béguinage qui se trouve tout à côté …

Une carte courte (gage de fraicheur), une cuisine simple mais juste (cuissons et assaisonnements parfaits), des spécialités belges et des poissons de la mer du Nord … Que demander de plus ?

Notre choix a été facile à faire.

En entrée, croquettes de crevettes accompagnées d’une délicieuse petite salade de roquette, oseille rouge, persil plat et aneth et d’une vinaigrette au vinaigre balsamique et au miel.

En plat, le poisson du jour – filets de rougets et de plie – accompagné de petits légumes – navets jaunes, champignons, épinards, courgettes … – saisis juste ce qu’il faut pour rester doucement croquants tout en étant bien cuits et de pommes de terre rôties avec leur peau et au goût de noisette.

En dessert, Belgique oblige, une Dame Blanche. Déstructurée. Trois belles boules de glace vanille maison accompagnées d’un petit pot de chocolat chaud et d’une coupelle de crème fouettée ; pour associer à notre goût ce qui fait de ce dessert l’un des plus gourmands qui soit.

Voilà, simple et bon. Tout simplement.

Des cafés, l’addition et nous voilà reparties … non sans avoir quand même jeté un oeil au béguinage. Vous avez vu les jonquilles sont en fleur !

 


Le très sympathique Maurice et sa non moins sympathique épouse (c’est elle le chef !)

Bistro Maurice
Walstraat 11 (Walplein) 8000 Brugge
www.bistro-maurice.be

 


 

 

Cucurrucucù

J’ai toujours pensé que dans la vie, pour les grandes comme les petites choses, tout est une question de moment. Le bon moment, le moment juste, le moment opportun ou plutôt, le moment où l’on est prêt. Prêt à lire un livre qui va transformer notre regard sur le monde, prêt à apprécier tel compositeur (qu’on détestait jusqu’alors), prêt à découvrir telle personne (à l’opposé pourtant de ceux que l’on jugeait – un peu étroitement – trop différents de nous) … Là non plus il n’y a pas de hasard. La vie agence toutes nos expériences comme les pièces d’un puzzle, nous adoucit, nous rend plus indulgent mais également nous renforce, nous mène, mine de rien, vers ce qui nous est essentiel, ce qui répondra à nos questions, ce qui nous correspondra … Enfin, pour moi en tous cas.

Il y a quelques semaines, à une heure avancée de la nuit (j’ai, par nature, des horaires espagnols), je sirotais doucement une verveine. Il fallait que j’aille me coucher – le lendemain j’avais école – mais je voulais encore un peu, un tout petit peu, prolonger la soirée, prolonger ce temps de liberté volé sur la nuit … Il me fallait un alibi ; je décidais – afin de me donner doublement bonne conscience – que ce serait la recherche d’un tardif journal télévisé afin de me tenir un peu au courant de la course du monde ! Je zappais donc, sautais d’une chaîne à l’autre puis m’arrêtais soudain. Point de journal, non, mais un film : « Parle avec elle » de Pedro Almodovar. Déjà vu, adoré, reconnu en un fragment de seconde. Le hasard étant ce qu’il est (c’est-à-dire, jamais là par hasard …), le film en était à cet instant précis où Caetano Veloso chante « Cucurrucucù Paloma ».

Tout le monde connait cette chanson que d’aucuns trouveront d’un kitsch absolu. Moi-même je pense m’en être moquée, la chantant en roulant les «r » et avec un sourire dans la voix.

C’était sans connaitre cette version-là, sans connaitre la voix de Veloso, sa douceur, sa mélancolie et l’incroyable émotion qu’elle suscite ; d’abord chez l’un des personnages du film et chez nous, à l’identique … Comment avais-je pu ne pas entendre cette chanson lorsque j’avais découvert puis revu ce film ? Pourquoi n’en avais-je pas été bouleversée comme je l’étais à présent ?

Une question de moment sans doute …

En tous cas, ce soir-là, cette chanson était pour moi. Elle était moi. Et je sais pourquoi – mais ça, c’est une autre histoire …

Je vous laisse écouter cette merveille Vous me direz …


Musical - Hable Con Ella - Cucurrucucu

Pour ceux qui voudraient revoir le film :
Parle avec elle (Hable con ella), 2002
Film de Pedro Almodovar

 


Bruges d’hiver

Il est des villes à qui l’hiver sied à merveille et Bruges en fait partie. Le froid et le gris vident ses rues. La ville retrouve alors le visage qu’elle devait avoir au 15ème siècle ou, plus près de nous, à l’époque qui n’avait pas encore inventé le tourisme de masse et ses hordes de barbares arpentant places et ruelles comme elles le feraient dans un parc d’attraction … Mais là, c’est un autre sujet et ce n’est pas tant certains malheureux touristes qui sont à blâmer mais une déliquescence certaine de l’éducation … Et puis, ne faisons pas notre ronchon car loin de moi l’envie de vous ennuyer mais plutôt de vous donner l’envie de découvrir Bruges l’hiver !

Samedi dernier donc, jour on ne peut plus glacial, nous avons traversé une partie de la Flandre en écoutant les concertos pour mandoline de Vivaldi (en accord parfait avec le paysage gelé), heureux à la perspective de flâner dans une ville livrée à ses vrais amoureux. Et pour cause … juste trois petits degrés, des rubans de nuages traversant par intermittence un ciel d’un azur de glacier, des averses de grêle puis de neige fondue et le vent du Nord pour orchestrer tout ce charivari météorologique. Il fallait être fou pour s’aventurer hors de chez soi … Mais la récompense fut une Bruges presque déserte, calme et surtout silencieuse, comme une maison après la fête.

Sitôt arrivés, nous avons trotté, première étape rituelle, jusqu’au béguinage dont le charme agit toujours. Nous en avons fait le tour, avons admiré l’ombre des arbres penchés sur les belles façades blanches et gouté le calme.

Ensuite, nous avons poursuivi notre ballade, un peu au hasard, pour simplement nous laisser surprendre, retrouver ces lieux vus cent fois, s’en imprégner à nouveau, les redécouvrir.

Puis s’apercevoir que nous avons faim, qu’il fait vraiment très froid, que nos doigts sont gelés en dépit des deux paires de gants superposés … Nous rebroussons alors chemin jusqu’à waldplein et au Bistro Maurice, un nouveau restaurant repéré à notre arrivée et qui correspond en tous points à nos attentes : blancheur nette, calme et une carte d’une belle simplicité gourmande.

Nous y avons pris le temps. Tels deux gros chats attablés devant l’une des fenêtres, nous avons, tout en mangeant, regardé les passants emmitouflés se presser, savouré la chaleur et … nos assiettes ! (j’ai malheureusement oublié de photographier nos plats – d’une qualité et d’une fraicheur absolues. La prochaine fois, je ferai correctement mon travail de blogger, histoire de vous mettre en appétit et de vous inciter à découvrir cette adresse parfaite totalement à l’opposé des pièges à touristes dont Bruges s’est malheureusement fait une spécialité. Rendez-vous dans un prochain article donc…).

Réchauffés et repus, nous avons repris notre ballade sous de belles averses de grêle …

… découvert des détails que nous n’avions jamais vus.

Nous sommes ensuite repassés par ce béguinage que j’aime tant et dont les maisons étaient devenues d’un jaune de crème pâtissière sous l’effet conjugué de la pluie du jour et du ciel du soir.

Puis nous avons sagement repris le chemin du retour.

Sous un ciel bleu-noir …

… la voiture glissant sur l’autoroute orange au son de Neige d’Airelle Besson.

Moment parfait pour terminer une parfaite journée d’hiver.

 


 

Bistro Maurice (que je vous recommande chaudement !) :
http://www.bistro-maurice.be/fr/#home 

Concertos pour mandoline de Vivaldi :
Pour vous donner envie de les écouter ou réécouter, cliquez ICI
En lien, mon préféré : l’Allegro du concerto pour mandoline, cordes et orgue en C majeur RV 425

Neiges
d’Airelle Besson
: pour écouter, cliquez ICI.