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Petits souvenirs de Noël …

Noël rime pour moi avec Doudeauville. Mon refuge à la campagne pour échapper à l’horreur de la surconsommation citadine, déprimante à souhait et tellement loin de « l’esprit de Noël » …

Ici, personne que nous n’ayons choisi pour nous rendre visite. Juste les mésanges, le calme, la lune et les étoiles, le hululement des chouettes, du thé à toute heure, de la musique, des douceurs sucrées et le plaisir de vivre sans heure, de « déborder » sur la nuit (quel plaisir de s’emmitoufler pour sortir sur la terrasse contempler la voie lactée). Juste des petits bonheurs … tout ce qui fait un vrai Noël !

Refuge aussi pour les mésanges que nous nourrissons tout l’hiver – et qui, au printemps, s’installeront dans les nombreux nichoirs installés au jardin.

Ici une élégante mésange bleue avec son « petit masque de voleur ».

Mésange encore et rouge-gorge sur nos mugs d’hiver dédiés au chocolat chaud. Car pas de Noël sans chocolat chaud (maison bien sûr), onctueux, chocolaté à souhait et embaumant toute la maison.

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Pas de Noël sans étoiles et sans nos traditionnels biscuits alsaciens au beurre.

Pas de Noël sans nos sapins de Canterbury …

Encore des étoiles ! Aux amandes et à la cannelle, recouvertes d’un glaçage au kirsch (recette traditionnelle d’Alsace).

Parfaites avec un café …

Et même en gâteau d’anniversaire improvisé !

Je vous rassure, il s’agit de pièces en … chocolat ! Cette année, je n’ai pas résisté – c’est l’avantage de vieillir, on assume le fait de rester un enfant ! – j’ai acheté un dodu petit sac de ces belles pièces dorées qui pour moi évoquent Noël (un Noël magique bien sûr !).

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Pas de Noël sans marrons … et, inspirées du Mont-Blanc, des petites crèmes marron-chantilly.

Pas de Noël sans notre crèche des années 40, juste parce que c’est beau …

Pas de Noël sans clémentines corses parce qu’avec les feuilles c’est aussi beau qu’un bouquet …

Pas de Noël sans un bouquet de feuillage de cyprès, de senecio et de quelques cynorhodons …

Bien sûr, pas de Noël sans le Christmas pudding de Diane !

Bon, un dernier café pour la route ! Demain, c’est la rentrée … hélas.

 

 

 

 


 

Haïkus d’hiver avec une tasse de thé

Dimanche après-midi. Tout est calme. Première journée de vacances, de vacance, de liberté … journée entre parenthèses, comme suspendue avant le départ demain pour la campagne. Une journée pour moi. Un peu égoïste.

L’hiver tarde à venir. La douceur de l’air me déprime. Je veux du froid bleu, des ours polaires, des étoiles de givres et du thé brulant …

Qu’à cela ne tienne, je fais « comme si » : j’allume des bougies, parfume l’appartement aux clémentines corses – pour moi synonymes de Noël -, je baisse légèrement les stores sur le gris du ciel puis je fais bouillir l’eau du thé et enfin, attrape dans ma bibliothèque mes recueils de haïkus.

Car l’hiver aussi a ses haïkus …

C’est décidé
je vais de ce pas m’enrhumer
pour voir la neige
Sampû

Dans les yeux du chat
la couleur de la mer
un jour ensoleillé d’hiver
Yorie

Ah ! lune d’hiver
Depuis ce temple sans porte
Que le ciel est haut
Yosa Buson 

L’ombre solitaire
d’un héron immobile –
il va neiger
Sei’ichi Teshima

Soleil couchant –
Tout à coup la neige
tombe d’une branche
Atsuko Ishida

Sérénité –
Le soleil franchit le Fuji
couvert de neige
Chieko Watanabe

Un faucon flotte
sur les forêts et les plaines enneigées –
Gravure à l’eau forte
Nagiko Nishimura


 

Le premier haïku (qui figure également sur la photo) est extrait de « Paroles du Japon, haïkus présentés par Jean-Hugues Malineau » (Editions Albin Michel, 1997).

Le second est extrait de l’anthologie de référence « Fourmis sans ombre, le livre du haïku » de Maurice Coyaud (editions Phébus, 1978).

Le troisième est extrait de « Haiku » de Yosa Buson (éditions La Différence, 1990).

Les quatre derniers Haïkus sont extraits de « La lune et moi, choix de haïkus de la revue Ashibi » (Editions Points, 2011).


 

 

Soupe potiron-coco-gingembre

Je vous avais promis ma recette de soupe potiron-coco. Et bien, la voilà ! En juste quelques lignes tant sa réalisation est d’une simplicité extrême. Plus qu’une recette, il s’agit d’une idée toute bête de soupe réalisée un jour où j’étais quelque peu lassée de l’accord plus traditionnel potiron et noix de muscade un peu trop doux à mon goût. J’avais du gingembre frais au frigo et une briquette de lait de coco dans le placard de la cuisine ; soit de quoi « exotiser » un beau potiron musqué qui attendait son heure au frais sur le balcon.

Voilà la bête …

J’utilise une courge musquée dont le goût et la couleur sont beaucoup plus intenses que ceux d’un classique potiron. Je vous conseille de faire de même car c’est bien le choix des ingrédients qui fait la qualité gustative (et d’autant plus dans ce type de recette très simple).

Allez, hop, la recette :

Soupe potiron-coco-gingembre

Pour 6 à 8 personnes environ
1 potiron musqué bio d’environ 3,5 kg
1 grosse noix de beurre
Bouillon de volaille
Gingembre frais (1 gros morceau, l’équivalent d’une grosse noix)
50 cl de lait de coco
Sel / poivre
Coriandre (pour servir)

Eplucher et épépiner le potiron. (Pour l’éplucher aisément, je coupe d’abord le potiron en deux puis en quatre ; puis chaque « part » obtenue en 2 voire 3 gros morceaux.)
Laver les portions de potiron pelé puis les couper en gros morceaux.

Faire fondre la noix de beurre dans un grand faitout et y faire revenir rapidement (sans colorer) les morceaux de potiron.
Ajouter le gingembre haché et du poivre du moulin.
Couvrir d’environ 1 litre d’eau (vous pourrez en ajouter en fin de cuisson si nécessaire), émietter 3 cubes de bouillon de volaille, mélanger, couvrir le faitout et laisser mijoter 20 à 25 mn.

Mixer, ajouter le lait de coco et mélanger. Saler si nécessaire (je ne le fais pas en début de cuisson, le bouillon de volaille étant déjà salé), réchauffer si besoin mais sans laisser bouillir (en raison du lait de coco)

Servez dans de belles assiettes et disposez à la surface du potage quelques feuilles de coriandre pour décorer (et pour le goût !).

Attendre ensuite quelques secondes – le temps que vos gourmands dégustent leurs premières cuillerées – pour ensuite vous délecter de leurs « oh », « ah » et « Mmmm !!! » extasiés et reconnaissants.

Et oui, c’est le pouvoir de la soupe coco !…

 

 

 

 

 


 

Rendez-vous au musée

Il y a dans la vie d’étranges hasards, des coïncidences, des concordances de temps et d’espace qui nous prouvent qu’effectivement … rien n’arrive par hasard, que nos émerveillements, nos découvertes, toutes nos rencontres sont liés, reliés par des fils invisibles qui tout en s’enchevêtrant, nous tirent, nous poussent, nous enveloppent et nous accompagnent.

Et parfois cela se manifeste par de tout petits clins d’œil …

Il y a quelques années, je devais participer à un séminaire en Norvège. Le vol qui emportait les autres participants vers Stavanger étant complet, je voyageais seule – et m’en réjouissais ; ouf, un peu de liberté ! – et devais faire escale à Amsterdam – et cela aussi me réjouissait tant j’aime les avions et les aéroports.

J’avais emporté Le voyage à Venise de Philippe Beaussant parce que j’ai toujours un livre en cours et parce que l’avion est, selon moi, l’endroit au monde le plus propice à la lecture. Pourquoi avais-je choisi ce roman ? Je ne sais plus. Parce qu’il y était question de Venise dont je revenais ? Sans doute. Mais également de peinture, de l’amour de la peinture et de l’amour tout court. Beau programme pour traverser le ciel de Paris jusqu’aux fjords, non ? Et puis, il y avait aussi la couverture de ce livre de poche, une peinture justement. Un très beau et énigmatique portrait de petite fille.

Aussitôt l’avion envolé, je me suis plongée dans mon livre, levant les yeux de temps à autre pour contempler les nuages mais également pour étudier le portrait de la couverture. A peine la lecture reprise, je refermais le livre sur mon pouce en guise de marque page pour me plonger encore et encore dans cette peinture. Avez-vous remarqué comme certaines images, certaines photographies, certaines peintures ne se laissent pas facilement épuiser. Elles n’en finissent pas de nous interroger, notre œil y revient sans cesse, presque malgré nous. On croit en avoir fini de notre contemplation mais non, nous sommes rattrapés, happés à nouveau, notre œil et notre esprit retournent à ce mystère non résolu. Cela peut tenir à des couleurs, un paysage ou, comme ici, à un portrait ; ou plutôt à un regard …

J’y revenais, à intervalles réguliers ; avec pour seule et maigre réponse à mes questionnements les indications de la quatrième de couverture : Jeune fille à l’oiseau mort, Ecole flamande, Musée royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles.

J’appris par la suite que ce portrait était l’œuvre d’un peintre anonyme et datait du début du 16ème siècle.

Du peintre, du modèle, de cette peinture, que sait-on ? Rien. Ou plutôt tout. Tout ce que l’on peut voir (pour qui tente de voir vraiment), tout ce qui a été dit par le peintre, et tout ce que l’on peut imaginer … l’infinie tristesse et l’incompréhension muette d’une petite fille – « en train de fermer un coin de son cœur » – devant la mort d’un oiseau qu’elle devait chérir et la compréhension du peintre devant cette douleur là qui sait, lui, que la vie n’en est pas avare …

Je devais être à la moitié du livre quand nous a été annoncé, alors que l’avion amorçait sa descente, une « attente d’atterrissage ». J’ai soupiré et refermé mon livre. Ma voisine a replié le journal qu’elle lisait et s’est exclamée « oh, ils vont encore nous faire tourner des heures ! » puis s’est tournée vers moi avec un très beau sourire et … les mêmes, les absolument semblables yeux gris-bleu de mon portrait. La petite fille était là, juste à côté de moi à l’aplomb quasi exact de l’endroit où le portrait fut peint …

J’aime à croire aux hasards qui n’en sont pas.

Venise m’a menée au livre de Philippe Beaussant qui m’a fait découvrir ce tableau qui m’a conduite au musée d’art ancien de Bruxelles où je la retrouve, Margreet Van Kleeneberg – comme l’appelait l’oncle du roman de Beaussant qui avait comme moi une tendresse toute particulière pour cette petite fille, cette toute petite peinture auprès de laquelle la plupart des visiteurs passent sans même y jeter un regard.

Depuis que je l’ai découverte, cette peinture fait partie de mes rendez-vous réguliers (avec Bosch, Brueghel et Memling). Je la vois de loin quand j’arrive dans la galerie des maîtres anciens, elle m’attend et j’accélère même le pas pour l’atteindre comme on le ferai avec quelqu’un que l’on a hâte de retrouver mais, même si elle m’est devenue familière, son mystère reste entier …

•••

« Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous. »

Paul Eluard

 


 

Peut-être aurez-vous envie de lire :
« Le rendez-vous de Venise » de Philippe Beaussant (Editions Fayard, 2003)

 

Et de découvrir cette peinture … :
Musée d’art ancien (Musée Oldmasters Museum)
3 rue de la Régence, 1000 Bruxelles

 

La fillette à l’oiseau mort
Peinture sur bois, 36 x 29 cm
Ecole des Pays-Bas méridionaux
Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles


 

Kougelhopf

Ce dimanche : petit déjeuner alsacien ! Nous sommes à la campagne, le temps est désespérément gris, le vent s’est déchainé toute la nuit en tempête tonitruante. Il nous fallait bien une douceur alsacienne.

Les dernières roses du jardin dans un pot à lait d’Alsace (poterie traditionnelle de Soufflenheim)

J’ai fait le Kougelhopf hier après-midi : pétrissage, deux levées successives de la pâte puis cuisson ; autant d’étapes qui ont rythmé (très agréablement, car il faut prendre son temps !) mon après-midi.

Durant la nuit, alors qu’il reposait gentiment sur sa grille à pâtisserie, mon Kougelhopf a parfumé toute la cuisine. Un parfum acidulé qui nous rappelle, mieux que les photos de famille, les petits déjeuners de nos vacances en Alsace lorsque j’étais petite. Enfin, je devrais préciser, les petits déjeuners de fête (Pâques, Noël, Nouvel An …) car en Alsace, le Kougelhopf se déguste le dimanche et aux occasions spéciales.

Mon Kougelhopf ne sera jamais aussi bon que celui de la pâtisserie qui existait alors sur la place principale de Niederbronn-les-Bains ou de celui de l’hôtel Muller mais … quand même suffisamment bon pour nous transporter là-bas, nous souvenir des petits déjeuners sur la nappe brodée de branches de sapin, du chocolat chaud, des confitures de myrtilles et des ballades que nous faisions ensuite tous les quatre dans la forêt.

On mange aussi – et surtout – pour se souvenir et reproduire nos bonheurs d’enfance, non ?

Bon, même si vous n’êtes jamais allé en Alsace, vous allez succomber au Kougelhopf . Je vous donne ici la recette parfaite de mon frère Antoine. J’en avais testé plusieurs, essuyé plusieurs échecs (pâte qui ne lève pas, cuisson inégale …) avant qu’il ne me donne sa recette à la fois simplissime et quasiment inratable. Il suffit de laisser le temps à la pâte de lever correctement, de bien la pétrir et d’employer des ingrédients de qualité. Ensuite, à vous le bonheur ! Une tasse de thé à la main et une tranche de kougelhof dans l’autre, encore une fois, vous me remercierez !

Kougelhopf d’Antoine

Ingrédients
500 g de farine
1 cuillère à café rase de sel
75 g de sucre
200 g de beurre à température ambiante
2 œufs bio à température ambiante
20 cl de lait entier
25 g de levure de boulanger
50 g d’amandes entières brutes
80 g de raisins secs
Kirsch (optionnel)
Sucre glace pour le décor

Pour confectionner les brioches, pains et kougelhopfs, j’utilise un robot KitchenAid équipé du crochet pétrisseur. Les plus courageux utiliseront leurs deux mains !

1/ Préparer le levain
Dans un bol, délayer la levure dans un peu de lait prélevé sur la quantité prévue. Ajouter de la farine afin d’obtenir une pâte de consistance moyenne. Mettre ce levain à lever dans une pièce relativement chaude (20 / 22°c). Le levain devra doubler de volume (cela peut prendre une heure voire plus).
Il est également possible de le faire lever dans un four préchauffé à 30 °C (th. 1) et que vous arrêterez au moment d’y déposer le levain (mais là, je n’ai pas testé).

2/ Mettre les raisins dans un bol et les recouvrir soit d’eau, soit de kirsch, soit d’un mélange eau-kirsch afin de les faire gonfler.

3/ Préparer la pâte
Dès que votre levain sera prêt, dans une grande terrine (ou dans le bol du robot), mélanger la farine, le sel, le sucre, les œufs et le reste du lait très légèrement tiédi ; en respectant cet ordre.
Travailler le mélange pendant une dizaine de minutes en battant énergiquement et en soulevant la pâte afin de l’aérer. Ajourer le beurre coupé en petits morceaux et continuer à travailler la pâte jusqu’à ce qu’elle ne colle plus aux doigts. Vous devez obtenir une pâte souple et luisante (si besoin, ajouter 1 ou 2 cuillères à soupe de farine).
Ajouter ensuite le levain (qui devra avoir doublé de volume) et continuer à battre la pâte pendant quelques minutes.
Rassembler la pâte dans un grand saladier, le couvrir d’un linge et mettre à lever la pâte dans une pièce « normalement » chaude (20/22°c). Cela peut prendre plus d’une heure en fonction de la température et du taux d’humidité de la pièce.
Dès que la pâte a bien levé (elle doit au moins doubler de volume), la tapoter afin de lui faire reprendre son volume initial, incorporer les raisins égouttés en pétrissant rapidement.
Beurrer le moule* à kougelhopf à l’aide d’un pinceau (plus pratique pour bien beurrer les cannelures) et placer une amande au fond de chaque cannelure (amandes préalablement humidifiées en les plongeant 1 mn dans de l’eau très chaude).
Façonner la pâte en un long boudin que vous déposerez au fond du moule, autour de la « cheminée » centrale. Remettre à lever jusqu’à ce qu’elle atteigne le haut du moule.

Cuire 45 minutes dans un four à 210°c.
Démouler le kougelhopf et le faire refroidir sur une grille à pâtisserie.
Dès qu’il est froid, le saupoudrer de sucre glace.

 

 

 

 

 

 

*Le moule alsacien en terre cuite est indispensable pour réussir le Kougelhopf !


 

Forêt de Soignes (encore !)

Nous y sommes retournés pas plus tard que dimanche car nous voulions profiter des dernières feuilles dorées et du beau temps annoncé.  Sitôt tardivement levés nous avons brunché en pyjama : pain aux graines de tournesol (délicieuse production de Monsieur Bruxelles – je vous en donnerai d’ailleurs la recette prochainement), confiture fraise-rhubarbe, fromage de Liège, belles noix fraiches (comme les écureuils, forêt oblige), œufs au plat, gâteau aux pommes et une pleine théière de Ceylan brûlant. De quoi tenir jusqu’à la fin d’après-midi et à notre pause-goûter-frites.

En fait, nous nous approprions la forêt à l’heure du déjeuner, avant qu’elle ne soit sillonnée par des promeneurs venus digérer en douceur leurs agapes dominicales. Moi, j’aime avoir les endroits que j’aime pour moi seule …

Depuis notre dernière balade, le vent a fait son œuvre. Toutes les feuilles ont tourbillonné – et tourbillonnent encore en gros confettis d’or – et forment un épais tapis roux. Confortablement beau et craquant à l’oreille.

Cette fois, Monsieur Bruxelles veut voir des chevreuils. Moi, je veux découvrir des séquoias géants qui, d’après la carte que nous avons consultée avant de partir, se cachent entre la drève Bremmenweg et la drève Vedunningsdreel.

Nous croisons d’abord un cheval semblant sorti d’un conte de fées…

Puis des signes étranges …

Puis un arbre comme une illustration de livre pour enfant. Un arbre pour une famille de souris (mais là, il faut avoir lu L’hiver de la famille Souris de Kazuo Iwamura – les livres dits pour enfants sont aussi pour les adultes !).

Puis enfin mes séquoias qu’il faut atteindre en quittant la drève et en se frayant chemin à travers les fougères.

Ils sont une vingtaine, un petit groupe qui semble s’être réfugié au cœur de la forêt pour y tenir une réunion secrète, à l’abri des hêtres et des chênes qui pourraient presque les dissimuler si ce n’était leur taille impressionnante.

Ces arbres (je l’ai appris ensuite) sont les plus hauts séquoias de Belgique (50 m !). Ils auraient été plantés juste après la seconde guerre mondiale. Des séquoias géants, ils en ont toutes les caractéristiques : tronc mince (développement vertical pour rechercher la lumière), écorce rougeâtre et fibreuse, dépourvue de résine (ce qui leur permet de résister au feu).

Nous nous sommes assis un moment, à l’abri nous aussi, à l’écart des chemins (ça me convient parfaitement), avons contemplé leurs cimes, dégusté le silence et nous sommes promis de revenir y faire un pique-nique au printemps ou pourquoi pas quand la neige sera venue de leur tenir compagnie et de trinquer à leur belle santé …

Finalement, pas besoin d’aller très loin pour découvrir des trésors, des merveilles …

Je sens que cette forêt va devenir mon lieu de balade favori à Bruxelles !


 

 

Forêt de Soignes

Encore un avantage de Bruxelles : la forêt en ville. Décidément la Belgique est un drôle de pays ! Hier, après une matinée de lézards paresseux, nous avons chaussé nos chaussures tout-terrain et avons laissé la voiture glisser le long du ring jusqu’à la forêt de Soignes tout au sud de la ville.

J’avais envie de marcher sur les feuilles craquantes et de respirer le parfum de la forêt en automne. Monsieur Bruxelles voulait des champignons … Moi le nez en l’air humant et admirant, lui explorant l’humus à la recherche de bolets et autres clitocybes nébuleux …

C’est ça, un clitocybe nébuleux !

En contrebas d’un chemin, dans un creux de la forêt, nous avons découvert ce cercle de pierres.

Il s’agit d’un monument – inspiré des rites celtiques et réalisé en 1920 par Richard Viandier, un artiste belge amoureux de la forêt de Soignes – en mémoire de onze forestiers tombés au champ d’honneur ou assassinés par les allemands durant la première guerre mondiale. Chaque monolithe porte le nom de l’un d’eux. Sur la pierre centrale du portique, cette inscription : « Aux forestiers morts pour la patrie 1914-1918 ».

On ne pouvait pas leur rendre plus bel hommage. Leur nom dans la forêt, les oiseaux qui se posent sur les pierres, le vent, les arbres tout autour, le silence …

Les clitocybes nébuleux poussent en « rond de sorcière » ou en « cercle des fées ». Pour ma part, j’ai un penchant pour les fées …

Au retour, l’estomac dans les talons, nous avons fait une halte – Belgique oblige – au fritkot Clémentine à Uccle pour déguster une frite-mayonnaise. Avez-vous remarqué l’astucieuse coupelle incluse dans le cornet ? Sauce à part, frites à part. Très pratiquement gourmand.

Après les frites … les champignons !

Monsieur Bruxelles a fièrement étalé sa récolte sur la table de la cuisine.
Est-ce que je m’y risque ou pas ?

 


 

Gaasbeek : paons et potirons

L’avantage d’habiter Bruxelles est de pouvoir, en quelques tours de roues – le ring une fois franchi – se retrouver dans la paisible campagne du Pajottenland qui inspira Brueghel et tant d’autres peintres flamands. Les paysages ont d’ailleurs comme un air de déjà-vu pictural : grasses prairies bordées de rangées de saules, placides troupeaux de vaches rousses et blanches, clochers de brique rouge sur des ciels gris souvent chahutés. C’est très beau et je m’y sens bien. J’ai dû vivre là aussi dans une de mes vies antérieures … Encore que je n’arrive pas à m’imaginer en paysanne pataugeant dans la boue – ou pire la bouse ! -, la vraie campagne je l’ai toujours préférée sur les murs des musées ou dans les revues de déco … Mais bon, je digresse …

Dans le pajottenland, à deux pas donc, se trouve Gaasbeek, un tout petit village où se tient chaque samedi un micro-marché de producteurs locaux et bio.

Ceux qui, comme moi, ont fait de la recherche de vrais légumes leur sport favori, comprendront que la seule perspective d’acheter un potiron dodu ou des tomates de plein air, le tout sans l’once d’un produit chimique, me met dans un état proche de la transe. Je veux arriver au marché avant l’heure d’ouverture officielle car, comme dans quelque endroit de louches transactions aux règles tacites connues des seuls initiés, je sais que nous pouvons malgré tout nous faire servir sitôt arrivés devant les étals et donc rafler notre content de fruits et légumes. Il nous faudra quand même attendre le ding de la cloche annonçant l’ouverture du marché (on ne plaisante pas à Gaasbeek !) pour pouvoir sortir nos pièces et billets et enfin emporter nos trésors végétaux sous les regards de convoitise de ceux qui n’auront pas anticipé et devront se contenter des « restants ». M’offrir des bijoux de prix me comblerait moins ! Encore que … Pour reprendre mon expression favorite : l’un n’empêche pas l’autre. A bon entendeur …

Mes producteurs préférés sont des flamands installés à Sint-Lievens-Esse et qui produisent les meilleures tomates de Belgique – tomates Rose de Berne, Zebra, cœur de bœuf, Noire de Crimée… et aussi betteraves, roquette, persil tubéreux, pourpier, choux, potirons …

Nos emplettes dans les sacs, et les sacs dans la voiture, nous avons pour habitude de faire une petite balade, soit jusqu’à Het waterhof, une ferme-salon de thé toute proche (le lait y est transformé sur place en glaces divines que l’on déguste tout à côté des étables au son des meuuhh de nos amies. J’adore !) soit jusqu’au château de Gaasbeek et de son grand parc, idéal pour faire une petite promenade et y récolter de quoi décorer la table du soir …

Petite digression (encore) sous forme de conseil : lors de vos balades, ayez toujours dans l’une de vos poches un ou deux sacs de congélation avec zip. Pourquoi ? Et bien pour y mettre à l’abri et transporter les trésors que vous glanerez (fleurs, châtaignes, cailloux, glands, écorces, plumes d’oiseaux …) et qui viendront ensuite enchanter votre maison.

Aujourd’hui, nous décidons de nous rendre chez la marquise Visconti ou plutôt dans ce qui fût son domaine, le château de Gaasbeek.

L’origine de ce château remonte au Moyen Age. Mais de cette époque point de traces. Et pour cause, jusqu’au 19ème siècle, le château a vécu sa vie de château ou plutôt a subi sa vie de château : construit, détruit, reconstruit, convoité, pillé, restauré, donné, repris, hérité, remanié … pour finalement – et c’est là où cela devient romanesque et donc intéressant – devenir la propriété de la bohème et très libre marquise Marie Arconati-Visconti (1840-1923) et de son italien de mari, Gianmartino Visconti, richissime héritier qu’elle eût la bonne idée d’épouser en 1873 – elle, fille du député français de gauche Alphonse Peyrat. Elle-même d’ailleurs recevait Jaurès et Gambetta et fût surnommée la marquise rouge. J’ai également lu qu’elle roulait ses cigarettes, ne détestait pas user d’un langage de charretier et aimait à se promener dans son château habillée en page (une amoureuse des contrastes ! Cela me plait bien …). Lorsque Gianmartino meurt, trois ans après leur mariage, loin d’être une veuve inconsolable, Marie succombe au charme de Raoul Duseigneur (ça ne s’invente pas !), antiquaire qui la conseillait dans ses achats d’œuvres d’art. A la fin du 19ème siècle, elle fait restaurer le château dans un style néo-renaissance. C’est le château tel qu’on le connait aujourd’hui.

Pour tout dire, ce château je le trouve légèrement kitsch, un peu comme un décor d’opérette (mais bon, une marquise bohème se promenant habillée en page au bras de Duseigneur…). Ce que je préfère finalement, ce sont les jardins de buis taillés qui surplombent la belle campagne flamande.

En cette fin d’après-midi les lointains sont bleutés et se fondent dans le ciel comme dans une peinture flamande …

Dans les allées, nous croisons toute une tribu de paons. Une bonne vingtaine d’oiseaux dont des jeunes extrêmement comiques sous leur plumage ébouriffé. Une petite troupe qui n’aurait pas déplu à la marquise …

On s’attarde encore un peu entre les buis en profitant du soleil.

Puis il est l’heure de renter.

Ce soir, nous dînons d’une soupe au potiron et d’un beau poulet fermier. Un feu de bois crépite. Sur la table, ma composition d’automne. Le chat Lila nous tient compagnie. Jazz puis clavecin puis la musique de la pluie sur les vitres.

Bruxelles a du bon …

 


 Recette de ma soupe potiron-coco dans un prochaine article !

 

 

 

 


 

 

Le jardin en septembre

Le titre de cet article aurait pu être « tristesse et désolation » (enfin, j’exagère quand même un peu) ou « déluge sans fin » ou « plantons sous la pluie ». Vous avez compris le mois de septembre fut le prolongement d’un mois d’août pluvieux, d’un mois de juillet maussade et d’un mois de juin frisquet. Triste fin d’été !

Mais comme nous le fait régulièrement remarquer mon père « Enfin ! Nous avons acheté cette maison à l’endroit le plus pluvieux* du Pas de Calais » ; sous-entendu, vous le saviez, ne vous plaignez pas ! Ma mère et moi lui lançons alors des regards noirs. D’autant que, tout comme Monsieur Bruxelles, il adore la pluie pour lui synonyme de retranchement au salon avec bouquins, coussins moelleux et, à l’heure de l’apéro, un vieux porto. Le second adepte des averses préfère quant à lui s’ébrouer dans la boue comme un chien fou… A chacun ses plaisirs !

Le jardin en septembre ? J’y ai passé seulement deux week-ends – rentrée au bagne oblige – et, chance inouïe, le soleil a daigné pointer ses rayons !

Allez, je vous emmène faire un petit tour. De toute façon, vous avez maintenant l’habitude, vous avez chaussé vos bottes n’est-ce pas ?


Le matin, une brume légère monte de la rivière comme pour nous prévenir que l’automne approche !


Ce qui ne gêne nullement les oies de notre voisin Trevor …


Quand je vous disais que le soleil n’avait pas complètement disparu !


Une dernière courageuse butinant une fleur de sedum.

Aster d’automne


J’adore les couleurs des hortensias à la fin de l’été.

Fleur d’eupatorium


Diane et moi avons pris le thé au bout du jardin afin de profiter des derniers rayons du soleil.


Thé qui fut accompagné d’un gâteau sarde aux amandes et citron dont il faudra que je vous donne la recette dans un prochain article (c’est un pur délice !).


Septembre, c’est aussi le mois des récoltes gourmandes !


Finalement, entre rayons de soleil, feuilles dorées, thé siroté sous les arbres, pommes acidulées croquées justes cueillies, vol d’oies sauvages et ballet des nuages de beau temps dans l’azur du ciel … le jardin en septembre nous a quand même comblés !


 

* Doudeauville se situe dans la vallée de la Course à 91 mètres d’altitude, aux confins du plateau de l’Artois à quelques kilomètres de Fruges (point où les précipitations annuelles sont les plus importantes de la région) Là, c’est mon géographe de père qui parle.

Moi je dis alors : thé indispensable !!!

 


 

 

 

Gâteau à l’orange et aux amandes

Si vous souhaitez prolonger l’été, essayez sans tarder ce gâteau gorgé de soleil ! Je l’ai découvert sur le très sympathique blog de la non moins sympathique Lala et ai immédiatement eu envie d’en tester la recette. D’autant que l’absence de farine (les amandes la remplacent avantageusement) en fait un dessert « gluten free » idéal pour mes amis intolérants au gluten (Laurence et André, vous allez adorer !).

Bon, comme vous pouvez le constater sur la photo, ma version est un peu « léopardisée » ; ayant trop généreusement beurré le moule, le fond du gâteau a très légèrement caramélisé. Cela dit, les nuances ainsi produites ne sont pas pour me déplaire.

Pour la décoration j’ai opté pour la simplicité : une belle fleur de souci (ça, c’est l’avantage d’avoir un jardin !) qui non seulement évoque joliment le soleil mais qui en plus … se mange !

Gâteau aux oranges et aux amandes

Ingrédients :
Pour le gâteau
2 oranges bio moyennes
6 œufs bio
200g de sucre en poudre
100g de poudre d’amandes
1 cuillère à café de levure
Pour le sirop
1 citron
40g de sucre en poudre

Déposer les oranges dans une casserole d’eau bouillante, baisser le feu et les laisser cuire (à petit bouillon) jusqu’à ce qu’elles soient ramollies (cela prend environ 20 minutes). Les égoutter et les détailler en gros morceaux avant de les mixer (en entier, avec l’écorce). Verser la mixture obtenue dans un saladier puis ajouter les oeufs un à un en mélangeant bien.
Préchauffer le four à 190°C.
Dans un bol, mélanger le sucre en poudre, la poudre d’amandes et la levure puis l’incorporer au mélange oranges-œufs.
Dans un moule à manquer anti adhésif de 22 cm (par « sécurité » et pour faciliter le démoulage, en tapisser le fond d’un disque de papier cuisson) verser l’appareil.
Enfourner et laisser cuire pendant 45mn, jusqu’à ce que le gâteau soit joliment doré (pour ma part, j’ai sorti le gâteau du four au bout de 35 mn ; donc surveiller la fin de cuisson).

Préparer le sirop au citron :
Sur feu doux, dissoudre le sucre dans le jus du citron et laisser légèrement épaissir.
Répartir le sirop sur le gâteau à la sortie du four.
Laisser refroidir le gâteau et le mettre au réfrigérateur.

Lala conseille de servir ce gâteau très frais car il n’en sera alors que plus délicieux (ce que je confirme !).

Il se conserve parait-il plus de trois jours dans le réfrigérateur et peut même se congeler. Là je n’ai pas testé, car les gourmands de Doudeauville n’en ont fait qu’une bouchée !

Ne soyez pas surpris, en lisant la recette, des deux oranges mixées entières et ajoutées à l’appareil. Je craignais que l’amertume de l’écorce ne domine ; il n’en est rien.

Comme je suis Madame « plus » – et que les fruits que nous trouvons ici ne sont pas toujours très parfumés -, j’ai ajouté à la préparation le zeste d’une belle orange, histoire de corser le goût.

Ce gâteau est d’une simplicité extrême et c’est ce que j’aime ! Fait en un tournemain et avec juste quelques ingrédients synonymes de soleil. C’est un vrai gâteau d’été mais pas seulement … L’hiver (qui est aussi le temps des oranges) lui conviendra également très bien : gâteau frais au parfum d’été, thé brûlant et feu de bois crépitant … du bonheur en perspective.

Merci Lala !